Le Maroc face à la crise

Après leur réunion le week-end dernier à Iqaluit au Canada, les ministres des Finances des pays de l’euro zone ont tenu à être rassurant concernant la situation économique de leurs pays, au sein d’un marché morose et méfiant des difficultés économiques de ces Etats et de l’impact que pourrait avoir la situation budgétaire de la Grèce sur l’ensemble de la zone euro.

Si, à l’échelle internationale les inquiétudes s’accumulent, qu’en est-il de la situation au Maroc qui entretient des relations politiques et économiques étroites avec l’Europe ?

Allons-nous effectivement subir des conséquences plus graves de cette crise au cours de l’année 2010 comme l’avait annoncé l’IRES dans son rapport spécial publié en mai 2009, ou continuer à croire, naïvement, que son impact demeure contrôlable et faible, surtout après la publication des prévisions du Haut Commissariat au Plan (HCP) , qui a annoncé un accroissement de l’économie nationale de 4,1% en 2010, une hausse de la demande mondiale adressée au Maroc de 3%, une hausse de 5,9% de la valeur ajoutée des activités non agricoles et le maintien du taux de chômage au dessous de 10% ?

Mais si l’économie nationale a enregistré une nette amélioration selon le HCP (taux de croissance de 4,1%, taux de chômage au dessous de 10%) imputable à une bonne compagne agricole, d’autres secteurs n’en demeure pas moins à l’abri des fluctuations négatives de la conjoncture économique mondiale.

En effet, le secteur immobilier, qui est un grand employeur de main d’œuvre et qui offre d’importantes opportunités d’investissement, compte tenu du déficit enregistré en matière d’habitat, se trouve dans une situation dont les perspectives sont imprévisibles à court terme et ce malgré les mesures d’incitations en faveur du logement social prévues par la nouvelle loi de finance.

Le secteur textile n’en reste pas moins touché après la chute de la demande extérieure qui a conduit à des licenciements massifs au niveau de plusieurs unités de production.

A l’instar des secteurs cités ci-dessus, les transferts des MRE, qui alimentent nos avoirs extérieurs aux côtés des exportations et des IDE qui ont connu une baisse sensible suite à la crise, ont été fortement affecté par les répercutions de cette dernière sur l’Europe qui accueille la majorité des MRE.

Conscient du risque que pourrait constituer le repli de la communauté marocaine résidant à l’étranger, le gouvernement vient de mettre en place des mesures d’encouragement des investissements des MRE, qui pourraient être dans un avenir proche, un des piliers de l’économie nationale. Reste à savoir si ces mesures sont de nature à inciter nos compatriotes à s’impliquer dans cette nouvelle stratégie gouvernementale ?

Finalement, tout laisse à croire que certains secteurs de l’économie nationale sont effectivement touchés par les effets de cette crise. Ce qui a été à l’origine de la création d’un Comité de veille stratégique sous la présidence du premier ministre, qui regroupe différents départements ministériels et organisations professionnelles et dont la principale mission est d’éclairer le gouvernement et de faire des propositions afin d’absorber les ondes de choc causées par cette crise.

Mais serait-il capable d’anticiper les situations et de faire profiter le Maroc de cette conjoncture internationale afin de rendre la plateforme « Maroc » plus attractive pour les entreprises des pays en difficultés ? En d’autres termes, encourager les entreprises étrangères, notamment européennes à venir s’installer au Maroc et profiter de sa situation stratégique, de son ouverture et de ses liens diversifiés de libre échange?

 

Imane Benchagra

Martin Levalois

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