Tunisie : la télévision Nessma et sa politique économique

Tunisie : la télévision Nessma et sa politique économique

Du simple au complexe et du « singleton » au multiple. C’est la nouvelle politique de la télévision basée à Tunis. Le Printemps arabe est à l’origine d’une révolution en Tunisie. La télévision basée à Tunis revoit son modèle économique, remis en question par le Printemps arabe. Son projet de chaîne unique pour tout le Maghreb est abandonné pour céder la place aux grilles de programmes différenciées. « Au moment de la révolution, la situation économique était tellement dégradée qu’on a pensé mourir », se rappelle Tarak Ben Ammar, coactionnaire, avec Nébil Karoui et le groupe italien Mediaset, de la télévision à vocation maghrébine Nessma. En 2011, le marché publicitaire tunisien a connu une décroissance de 29%, selon l’agence Sigma Conseil. Néanmoins, la jeune chaîne inspirée du modèle français de Canal+ a pu doubler ses recettes, puis augmenter encore de 15 % l’année suivante.
Fin 2012, son chiffre d’affaires atteignait environ 12.10 millions de dollars, dont 25 % en Algérie, pour un budget de 14.79 millions de dollars. Il faut, cependant, souligner que le projet de bâtir une chaîne unique pour la Tunisie, l’Algérie et le Maroc a été largement battu en brèche par les nouvelles attentes nées du Printemps arabe. Pour cela, une grille différente sera créée pour chaque pays. Les nouvelles chaînes seront composées à 70 % de programmes communs et proposeront 30 % de productions spécifiques, en plus des heures de prime time adaptées en fonction des habitudes locales. Nessma revendique maintenant entre 12 millions et 15 millions de téléspectateurs quotidiens. Pour Tarak Ben Ammar, il faut viser un marché de 200 millions de téléspectateurs auquel personne n’a pensé, allant de l’Égypte à la Mauritanie, sans ignorer les Maghrébins de France, d’Italie, d’Espagne. Nessma devrait bénéficier d’une injection de 20.17 millions de dollars de la part de ses actionnaires, au cours du premier semestre. Un montant de 64.56 millions de dollars est déjà investi depuis sa création, en 2007. Dans la foulée, la chaîne annoncera, outre la création de Nessma Algérie, celle de Nessma France, pour laquelle ses promoteurs cherchent un investisseur capable de prendre la moitié du capital. Des négociations avec plusieurs groupes, dont TFI et Canal+, seraient engagées.

Martin Levalois

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