Cameroun : les conditions de vie précaires des « déplacés » de Boko Haram
Le ministre camerounais de l’Administration territoriale et de la Décentralisation Emmanuel Sadi a rapporté que près de 100 000 Camerounais avaient fui les villages du Nord du pays depuis le début des exactions des islamistes de Boko Haram. La gestion de cet important flux de déplacés pose un énorme problème logistique aux autorités locales.
Beaucoup de ces déplacés ont dû fuir leurs villages en laissant tout derrière eux et beaucoup de familles ont été séparées, certains de leurs membres ayant parfois été tués. Mais surtout, leurs conditions de vie sont des plus précaires. D’après le rapport d’évaluation d’avril établi par l’Organisation Non Gouvernementale Intersos sur les conditions des déplacés dans le département du May-saya, frontalier avec le Nigéria et où des milliers de déplacés ont trouvé refuge, 57% des déplacés ne possèdent pas de kit cuisine, ce qui signifie que plus de la moitié d’entre eux ne préparent pas les repas dans de bonnes conditions hygiéniques. Les déplacés n’ont pas d’endroits où dormir, pas d’argent pour se nourrir, se soigner et envoyer leurs enfants à l’école. Malgré les aides du HCR, du PAM, de l’Unicef, de la Croix-Rouge et des ONG, beaucoup sont décédés de malnutrition, particulièrement les enfants.
La question de l’hébergement est également préoccupante. A Mora, une ville du département de Maya sava, les déplacés ne sont pas cantonnés dans un camp. Ils vivent dans les familles, chez les amis, dans des cases de fortune, … Ils font des va-et-vient et cette situation fait craindre pour la sécurité de la ville. Et en attendant que les moyens adéquats soient mis en œuvre pour une gestion efficace de ces déplacés, la situation continue de s’aggraver. Ce weekend encore, près de 80 personnes ont été tuées dans la région dans des attaques attribuées à Boko Haram et le flux de déplacés qui ne semble pas près de s’arrêter.