Une étude relève moins de gaz à effet de serre mais pas assez pour contenir le réchauffement
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) issues des énergies fossiles ont été stables pour la 3ème année consécutive, un progrès inédit mais insuffisant pour contenir le réchauffement de la planète, indique dans ses conclusions, une étude publiée ce lundi, en marge de la conférence climat de l’ONU (COP22) qui se tient à Marrakech (centre-sud du Maroc).
En 2015, le total des émissions mondiales liées à l’industrie et à la combustion d’énergies fossiles ne s’est pas accru et devrait à peine augmenter en 2016 de 0,2%, estime l’étude parue dans le journal Earth System Science Data.
En 2014, la croissance de ces émissions était à peine de 0,7%, contre une hausse annuelle moyenne de 2,3% durant la décennie 2004-2013, précise Global Carbon Project dans son 11ème bilan annuel réalisé par des scientifiques du monde entier, ajoutant que cette «rupture claire» par rapport à la poussée des émissions constatée la décennie précédente, a été permise par la Chine, premier pollueur mondial, qui a réduit son recours au charbon.
«Cette 3ème année quasiment sans croissance d’émissions est sans précédent en période de forte croissance économique», relève l’auteur principal de l’étude, Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia.
«C’est une contribution essentielle à la lutte contre le changement climatique, mais ce n’est pas assez», estime Corinne Le Quéré, précisant que «les émissions mondiales doivent maintenant baisser rapidement, pas seulement cesser de croître».
Pour limiter à moins de 2°C la hausse moyenne du thermomètre par rapport au niveau d’avant la Révolution industrielle, seuil critique sur lequel la communauté internationale s’est accordée fin 2015 à Paris, les émissions devraient baisser en moyenne de 0,9% jusqu’en 2030, rappelle l’étude.
“Si les négociateurs à Marrakech pouvaient trouver l’élan pour accélérer encore les réductions d’émissions, nous ferions un sérieux pas en avant dans la lutte climatique”, a insisté Mme Le Quéré.
Le monde a déjà émis les deux tiers de ce qui lui est permis s’il veut rester sous cette limite de 2°C. Or au rythme actuel, ce « budget carbone » sera consommé intégralement d’ici moins de 30 ans, prévient la scientifique.