Brexit: La bourse de Paris se positionne
A deux semaines du référendum britannique devant statuer sur la sortie ou non (Brexit) de la Grande Bretagne de l’Union Européenne, de nombreux acteurs publics et privés du secteur financier français, se sont réunis au siège de l’opérateur boursier Euronext et ont lancé une opération de promotion de la Bourse de Paris, pour faire de l’ombre à la bourse de Londres en cas de Brexit.
La City sortira affaibli du référendum, indiquent les analystes financiers. «Ce référendum conduit aujourd’hui les grandes entreprises internationales notamment à Londres et à New York, à s’interroger sur le possible rééquilibrage de leurs activités et de leurs implantations vers l’Europe continentale, et cela, quel que soit le résultat (du référendum) », a déclaré Gérard Mestrallet, président de Paris Europlace, l’organe de promotion de la place financière de Paris.
Si tous les orateurs, sans exception, ont appelé de leurs vœux le maintien du Royaume-Uni au sein l’UE, ils ont aussi souvent estimé que le statuquo, très favorable à la City en termes de répartition des activités financières dans l’UE, ne pourrait plus durer, Brexit ou pas.
« C’est un changement radical et c’est très important, je pense, que la place de Paris se prépare à ce changement », a dit Enrico Letta, ancien président du conseil italien, enseignant à Sciences Po Paris et doyen de l’Ecole des affaires internationales, précisant que Dublin, Amsterdam, Luxembourg ou encore Francfort ont aussi engagé des réflexions pour renforcer leur attractivité.
La concurrence des autres places financières européennes, dotées de législations fiscales et sociales plus accommodantes que celles de l’Hexagone, soulève chez de nombreux banquiers français, le doute sur la capacité de Paris à remplacer la City en cas de Brexit.
Certains financiers jugent que la taxe à 75% de François Hollande et le « tapis rouge » déroulé par le Premier ministre britannique, David Cameron aux Français souhaitant fuir l’Hexagone, ont durablement terni l’image de la place financière parisienne. «Il faut être totalement lucide, nous sommes en position de challenger», a admis le directeur général de la Société générale, Frédéric Oudéa, qui a notamment plaidé pour un cadre fiscal plus attractif.