Mauritanie: l’ingérence du président dans le milieu des affaires inquiète
Les relations diplomatiques entre la Mauritanie et le Maroc qui sont déjà assez tendues, connaissent un nouveau rebondissement avec l’interdiction, par les autorités mauritaniennes, aux cadres et salariés marocains de l’opérateur de télécoms Mauritel, d’accéder à leur lieu de travail.
Tout avait débuté à la mi-juin lorsque les forces de sécurité mauritaniennes avaient bloqué l’accès à leurs bureaux aux salariés marocains travaillant au sein du groupe de téléphonie Mauritel.
Cette interdiction avait été motivée par le désir des autorités mauritaniennes de remplacer les travailleurs marocains par des nationaux, alors même que cette entreprise de droit privée est détenue majoritairement par l’opérateur marocain Maroc Telecom.
Les autorités mauritaniennes ont retiré du jour au lendemain le permis de travail aux salariés marocains du groupe Mauritel.
Malgré le silence diplomatique qui continue de prévaloir dans les deux pays suite à cet incident, une polémique est en train de s’installer en Mauritanie même.
L’opposition dénonce en effet l’ingérence systématique du cercle présidentiel dans les affaires qui ont trait à l’économie et au commerce. Une situation qui se traduit par des décisions unilatérales allant à l’encontre de la législation.
Le cas de Mauritel n’est d’ailleurs pas une exception dans ce pays où les abus dans le domaine des affaires deviennent la règle. La société canadienne Kinross, qui exploite la mine d’or de Tasiast, située à 250 kilomètres au nord de Nouakchott, a annoncé samedi dernier avoir suspendu la production après l’interdiction de travailler imposée par le gouvernement mauritanien aux expatriés n’ayant pas de « permis de travail valide ».
Le président Mohamed Ould Abdel Aziz qui tient d’une main de fer le pays depuis 2008, enchaîne depuis quelques mois les décisions radicales allant à l’encontre de la justice internationale. Le chef d’État arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’État, tente en effet d’avancer ses pions dans toutes les sociétés détenues par des capitaux étrangers en les contraignant à engager des mauritaniens aux postes de responsabilité. Une situation qui risque d’isoler encore plus ce pays sur l’échiquier international.