Wall Street se heurte à des seuils psychologiques

Mettant fin à huit semaines consécutives de progression, la Bourse de New York s’est heurtée cette semaine à des seuils symboliques importants et s’interroge sur de nouveaux relais pour alimenter sa hausse après une série d’indicateurs et résultats parfois mitigés.

« Il y avait des objectifs psychologiques à atteindre, mais ce sont aussi des seuils difficiles à passer », note Evariste Lefeuvre, de Natixis.

Sur la semaine écoulée, le Dow Jones a concédé 0,41% à 11.823,70 points, trébuchant sur la barre des 12.000 points. Le vénérable indice, qui a atteint ce seuil mercredi en séance pour la première fois depuis juin 2008, n’est pas parvenu à confirmer cette étape en clôture.

L’indice élargi Standard and Poor’s 500 s’est quant à lui heurté aux 1.300 points, franchis brièvement jeudi puis vendredi pour la première fois depuis août 2008. Il a fini à 1.276,34 points, en repli de 0,55% sur la semaine.

Le Nasdaq, à dominante technologique, a reculé de 0,10% à 2.686,98 points.

Le marché a effacé toutes sa progression de la semaine en une séance vendredi. Les craintes d’instabilité venues d’Egypte et de contagion à des pays voisin après les manifestations hostiles au régime en place ont fait trembler les indices.

« Le marché montait depuis des semaines, tout le monde estimait qu’il fallait qu’il souffle. Mais pour qu’un marché baisse, il faut des raisons qui le poussent à vendre », souligne Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital Markets.

« Il est clair que la déstabilisation au Moyen-Orient et en Egypte ajoute un risque énorme, que ce soit pour l’approvisionnement en énergie ou pour la stabilité des alliés politiques des Etats-Unis », précise l’analyste. « Si les événements s’aggravent ou s’accélèrent en Egypte, on peut imaginer que la baisse (du marché) sera plus importante ».

La progression de Wall Street sur les quatre séances précédentes avait été marquée par quelques signes de faiblesse.

« L’actualité a été correcte mais pas extraordinaire », estime Marc Pado, de Cantor Fitzgerald. Certains indicateurs publiés ont déçu, comme l’augmentation des inscriptions hebdomadaires au chômage ou les chiffres des commandes de biens durables. La croissance américaine s’accélère, mais moins rapidement qu’attendu.

Aucun changement de politique monétaire n’est venu de la Réserve fédérale, qui trouve toujours la reprise insuffisante.

L’influence positive des résultats trimestriels des entreprises commençait à se tarir au fil des publications, malgré de très bonnes copies de grands noms de la cote.

« Que ce soit sur les résultats mêmes ou sur les prévisions, il n’y a à ce stade aucune tolérance pour ceux qui ne répondent pas aux attentes. Il y a eu trop d’entreprises qui ont facilement dépassé les estimations », prévient Marc Pado.

La semaine prochaine, trois composants du Dow Jones se plieront à l’exercice: le groupe pétrolier ExxonMobil (lundi), le laboratoire Pfizer (mardi) et son concurrent Merck (jeudi).

Côté indicateurs, les indices ISM, qui portent sur janvier, seront très surveillés pour voir sur quel pied 2011 a commencé. Celui sur l’industrie sera publié mardi et celui sur l’activité dans les services jeudi.

La semaine sera couronnée par la publication vendredi des chiffres mensuels sur l’emploi, toujours très attendus et qui inquiètent les investisseurs après des rapports hebdomadaires très disparates, selon Marc Pado.

« On voit les prémices d’un essoufflement de la tendance haussière, et un marché boursier qui s’est un peu trop déconnecté d’autres marchés, en particulier des matières premières mais aussi des taux », estime Evariste Lefeuvre.

« Pour justifier une hausse au-delà des seuils psychologiques, il faudrait un coup de fouet, qui pourrait être, par exemple, une vraie bonne nouvelle sur le marché de l’emploi », ajoute l’analyste.(AFP)

Martin Levalois

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