L’Ouganda affiche un retard dans la lutte contre le blanchiment d’argent
L’Ouganda a un délai de deux ans pour opérer les réformes nécessaires pour montrer patte blanche dans sa lutte contre le blanchiment de l’argent sale.
Le deadline est pour ce 31 mai 2022, date à laquelle l’Ouganda doit montrer que le gouvernement s’est effectivement engagé contre le blanchiment d’argent et le financement des groupes terroristes.
Au cas contraire, l’Ouganda sera ajoutée à la liste noire des pays à risques, alors que Kampala est déjà placée sur une liste grise depuis février 2020. Le ton monte au sein de l’opinion pour dénoncer ce retard.
«Il nous faut du temps pour aller jusqu’au bout des réformes», avait tenté de justifier le 26 mai dernier, le régulateur de la Finance ougandaise, le Financial Intelligence Authority.
Sur les 22 réformes recommandées par le Groupe d’action financière (GAFI), seules six ont été réalisées. «L’Ouganda a pris des mesures parmi les plus strictes pour lutter contre le Covid-19, notamment un long confinement. Tout cela a eu un impact très négatif sur la mise en œuvre des réformes programmées», fait remarquer Sydney Asubo, Directeur exécutif du Financial Intelligence Authority.
Ce que réfute Robert Ssuna, analyste financier expliquant que la crise sanitaire ne doit pas servir d’alibi à la non-application des lois contre le blanchiment d’argent.
«La pandémie a favorisé l’essor des plateformes numériques pour transférer de l’argent, acheter des marchandises etc… Les sociétés de change sont soupçonnées d’être à l’origine de la hausse actuelle des cas supposés de blanchiment d’argent», a-t-il relevé.
Pour Sydney Asubo, le gouvernement ougandais «s’est engagé à traiter les questions en suspens d’ici la publication de notre prochain rapport en août. Nous sommes donc optimistes et nous pensons que si on nous donne un peu plus de temps, nous pourrons y arriver. Car les 16 réformes projetées ne sont pas abandonnées».
La mise en place d’un mécanisme de suivi pour enquêter sur les activités suspectes ou pour une meilleure surveillance du secteur financier, est également inscrite sur la liste des recommandations. Toutefois, «si la date d’échéance du 31 mai n’est pas respectée, l’Ouganda aura une nouvelle occasion de faire valoir sa position devant le Gafi, à la mi-juin».