Au Nigeria, les crimes rituels sont bannis des écrans de cinéma pour protéger les jeunes
La mort d’une femme de 20 ans dans l’Etat d’Ogun du sud-ouest du Nigeria et l’aveu de certains de ses meurtriers qui ont déclaré s’être inspirés de films, ont amené les autorités à prendre la ferme décision de bannir les crimes rituels des écrans de cinéma pour protéger les jeunes.
Pour obtenir une licence, les films doivent désormais passer au filtre de la commission de censure. «Nous regardons le caractère artistique du film sans le dénaturer, de quoi parle-t-il et qu’est-ce qu’il reflète de la société. Nous vérifions que le film contient des scènes de représailles quand quelqu’un commet un crime rituel et qu’il y a des sanctions. Nous avons un sérieux problème aujourd’hui car les jeunes pensent que ce genre de pratique est un moyen de s’enrichir rapidement», explique Bukki Agbaminoja, la première responsable de la commission basée à Lagos.
L’objectif de cette mesure, selon elle, «est de protéger les jeunes spectateurs». Les faits semblent donner raison aux autorités. Il ne se passe pas un jour où on ne signale pas des cas «de corps retrouvés démembrés, les organes vitaux dérobés». Pour le gouvernement, il n’y a pas de doute, l’industrie cinématographique est la cause de la multiplication de ses horreurs.
Confidence Mc Harry, analyste au cabinet de conseil en sécurité SBM intelligence, n’est pas d’accord sur la décision de censure. Pour lui le bannissement de ses films ne mettra pas fin aux meurtres rituels.
«Vous ne pouvez pas légiférer ainsi, car c’est un problème économique : les meurtres rituels ont commencé dans les années 80/90 avec la hausse de la pauvreté. Si vous voulez protéger les jeunes, il faut redresser l’économie du Nigeria», suggère-t-il.
«De nombreuses jeunes filles qui sont enlevées et utilisées pour des rituels disparaissent sans que les forces de l’ordre ne fassent quoi que ce soit. La seule fois où un tueur est arrêté, c’est lorsqu’il est retrouvé en possession des organes, mais à ce moment-là, il est déjà trop tard», fait observer l’analyste.
Par ailleurs, l’interdiction au Nigeria, des films montrant des scènes de meurtres rituels ne fait pas l’unanimité à Nollywood.