La mémoire de Mahmoud Darwich immortalisée à Paris par une place portant son nom

Une place baptisée au nom du grand poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008) a été inaugurée, lundi à Paris, lors d’une cérémonie solennelle coprésidée par le Maire de la capitale française, Bertrand Delanoë, et le président de l’Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas.

Par Noureddine HASSANI

Paris- 14/06/10- Une place baptisée au nom du grand poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008) a été inaugurée, lundi à Paris, lors d’une cérémonie solennelle coprésidée par le Maire de la capitale française, Bertrand Delanoë, et le président de l’Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas.

« Bienvenue à Mahmoud Darwich dans la patrie de la liberté, de l’amour et de la culture (…) dans l’âme de Paris », a lancé M. Delanoë dans une allocution à cette occasion, soulignant qu' »inscrire son nom dans la trame de Paris est un honneur que nous fait du grand poète palestinien ».

S’exprimant devant un parterre de personnalités françaises et arabes, dont Mme Aziza Bennani, Ambassadeur, Déléguée permanente du Royaume du Maroc auprès de l’UNESCO, il a d’emblée souligné les qualités artistiques de feu Darwich, « un immense poète qui sait faire naître de son génie la beauté ».

C’est « un poète que nous voulons honorer et auquel nous voulons exprimer notre admiration en donnant son nom à une parcelle de Paris, située au bord de la Seine, près de la Passerelle des Arts, en face du Louvre, et à côté de l’Académie Française, là où s’ouvre l’esprit des beaux arts et de la pensée », a ajouté M. Delanoë.

« Paris est la ville des poètes, la ville où doivent se sentir chez eux tous les créateurs de beauté et tous les amoureux de la liberté », a-t-il dit notant qu’il s’agit là d' »un poète dont l’inspiration est née de sa souffrance, de l’exil, de ce qui le manque: sa Terre ».

Ce poète a également « écrit pour sa mère le magnifique poème que nous connaissons, plein de tendresse, plein d’amour filial. Son poème +A ma mère+, ne lui appartenait plus, il le sait. Il est devenu une ode à la Mère-Patrie, la Palestine, pour tout un peuple », a-t-il encore dit.

« Mahmoud Darwich est aussi un combattant », a précisé le Maire de Paris, rendant hommage à un « dirigeant de l’OLP (Organisation de la libération de la Palestine) qui, mêlant son combat politique et son talent de créateur, a écrit ce magnifique recueil de poèmes +Ne t’excuses pas!+ ».

M. Delanoë a tenu à préciser que l’attribution de cette place au poète palestinien était envisagée « des mois après son décès », et n’a pas été décidée « par quelque souci tactique ou par quelque volonté d’équilibre par rapport à telle ou telle autre perspective », en allusion à l’inauguration, il y a quelques semaines à Paris de la Promenade Ben Gourion, fondateur d’Israël, critiquée par plusieurs organisation pro-palestiniennes.

Pour le Maire de Paris, « le message de Mahmoud Darwich est de ne rien céder, pas un millimètre, du droit légitime du peuple palestinien à la vie, à la liberté, dans un Etat viable, dans un Etat égal à celui des autres, sans nier le droit de celui qui est en face ».

Evoquant le contexte de cette inauguration, quelques jours après l’agression israélienne de la flottille d’aide à Gaza, M. Delanoë a souligné que le blocus imposé à ce territoire palestinien est « inadmissible, inacceptable et doit cesser », tout en dénonçant la poursuite de la colonisation.

« Je sais le mal que fait la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est », a-t-il dit soulignant qu’il est favorable à l’existence de deux Etats vivant cote à cote.

Pour sa part, M. Mahmoud Abbas s’est dit heureux d’être présent à l’inauguration de cette place Mahmoud Darwich à Paris, soulignant que « lorsque la prestigieuse ville célèbre notre poète national, le conteur de nos épopées, la plus belle de nos voix, elle célèbre le droit de notre peuple à vivre en paix sur sa Terre ».

Lorsque Paris célèbre Mahmoud Darwich, elle témoigne de la réussite du grand poète palestinien « à prouver que la force pouvait à être agréable, pouvait avoir un impact et nous séduire dans une ère aussi mouvementée ».

La Ville des Lumières « célèbre aussi un poète qui y a vécu de longues années et qui l’a aimée et c’est ici que Mahmoud Darwich a développé son oeuvre poétique », a indiqué M. Abbas, en exprimant les « remerciements » et la « gratitude » du peuple palestinien au Conseil municipal et au peuple de Paris.

« L’attribution du nom de Darwich à cette belle place est une décision digne de Paris, ville qui reste fidèle à son héritage de liberté, de justice, d’égalité et de brassage des cultures, mais également un geste qui donne à notre peuple, en quête de liberté et d’indépendance, un sentiment de fierté et d’espoir », a-t-il souligné.

« Mahmoud Darwich rêvait toujours du jour où le peuple palestinien pourrait mener une vie normale, comme les autres peuples, dans sa patrie indépendante. Et nous, le peuple de Mahmoud Darwich, disons que nous allons poursuivre le chemin afin d’arriver rapidement à ce jour », a-t-il conclu.

Après les discours d’inauguration, l’assistance a suivi des partitions exécutées par le « Trio Joubran », trois frères joueurs de ‘oud originaires de Nazareth, accompagnées d’un enregistrement sonore, de la voix de Mahmoud Darwich lisant ses propres textes, ce qui a ravivé davantage la mémoire du grand poète.

Au terme de cette cérémonie, MM. Abbas et Delanoë ont dévoilé la plaque commémorative de la Place Mahmoud Darwich sur laquelle on pouvait notamment lire: « Nous aussi nous aimons la vie quand nous en aurons les moyens ».(MAP)

Martin Levalois

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