Inquiétudes égyptiennes face à l’embargo russe sur les exportations de blé

La décision de la Russie d’imposer un embargo sur ses exportations de blé, entrée en vigueur dimanche, commence à susciter les inquiétudes de l’Egypte, le blé étant l’un des principaux aliments de base particulièrement en ce mois sacré de Ramadan.

– Par Mahmoud El Kalï –

Cet embargo, imposé suite aux incendies qui ont eu des conséquences sur l’environnement et la santé aux niveaux local et international, menace le marché égyptien qui importe de Russie 50 pc de ses besoins en blé.

Redoutant le scénario de l’année 2007 lorsque le prix du blé avait flambé pour atteindre 500 dollars la tonne, soit le double du niveau actuel, les autorités égyptiennes assurent avoir pris une série de mesures pour remédier à cette situation de crise.

Trouver de nouvelles sources d’approvisionnement et accroître les subventions gouvernementales, telles sont les principales mesures annoncées dans l’immédiat par les autorités égyptiennes qui qualifient de « temporaire » cette hausse, expliquée par « la précipitation des acheteurs, et non par une vraie pénurie des stocks mondiaux ».

Bien que les autorités officielles se veulent rassurantes quant aux réserves stratégiques de quatre mois dont dispose l’Egypte, le gouvernement tente, tant bien que mal, de trouver des solutions urgentes pour sortir de cette impasse, dont les répercussions sur le budget de l’Etat sont énormes.

« Le blé est en abondance. On va juste le payer un peu plus cher », renchérit le président de la Chambre des industries des grains, Ali Charafeddine, cité par la presse égyptienne, qui relève que le blé russe est environ 30 pc moins cher que le blé français, américain ou australien.

Forte d’une population de près de 80 millions d’habitants, l’Egypte compte parmi les premiers pays concernés par cet embargo du fait qu’elle dépendait de plus en plus du blé russe « bon marché ».

Quelque 540.000 tonnes de blé russe qui devaient servir à produire du pain subventionné ne seront donc pas livrées.

Selon des chiffres officiels, la tonne variait entre 200 et 230 dollars au moment où le blé français dépassait les 270 dollars. Ainsi, le principal problème conséquent à la décision russe serait d’ordre budgétaire. Au total, ces changements devraient avoir un impact de 400 à 700 millions de dollars sur le budget égyptien pour l’année 2010/2011, qui a débuté le 1er juillet.

Pour remédier à cette situation, le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie, Rachid Mohamad Rachid a annoncé récemment avoir réclamé une hausse des allocations étatiques consacrées à l’Organisme des produits d’approvisionnement variant entre 2,5 et 4 milliards de L.E (1 livre égyptienne égale environ 1,5 dh).

Tout en relevant l' »inquiétude » de la population des conséquences de cette situation durant le mois de ramadan, marqué traditionnellement par une hausse de la consommation de pain, le ministre a toutefois assuré que cela n’aurait « pas d’impact » sur la période du mois sacré.

Le 7 août, l’Organisme des produits d’approvisionnement, chargé de l’achat du blé utilisé pour la production du pain subventionné, a lui aussi annoncé avoir acheté 240.000 tonnes de blé français à livraison en septembre.

« Il y a des tentatives pour convaincre les Russes de remplir les accords signés avant l’embargo », ajoute le président de la Chambre des industries des grains, qui assure qu’il ne s’agit pas « vraiment d’une crise ».

« Il y a un surplus de production cette année, la Russie souffre d’une pénurie de 19 millions de tonnes, mais il existe une hausse de la production américaine de 30 millions de tonnes », a-t-il expliqué.

La Russie, 3ème exportateur mondial de blé, avait annoncé un embargo sur les exportations de blé et les produits dérivés jusqu’à la fin de l’année en raison de la canicule qui provoque l’effondrement de ses récoltes, ce qui a accentué la flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux.(MAP)

Martin Levalois

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