L’or congolais raffiné en Ouganda
Transparency International s’est interrogée mercredi, sur l’origine de l’or qui alimente la première raffinerie d’or d’Entebbe en Ouganda, inaugurée lundi, craignant qu’au moins une partie provienne de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où des milices rebelles se financent par la vente du métal précieux.
Située à Entebbe, à quelques encablures du plus grand aéroport du pays, la raffinerie de la société belge African Gold Refinery (AGR), fonctionne depuis 2014, mais elle n’a été officiellement inaugurée que lundi par le président ougandais, Yoweri Museveni.
Elle traite actuellement environ 250 kilos d’or par semaine, une capacité qu’elle est en mesure de doubler, en cas de besoin. Selon le gouvernement ougandais, il s’agit de «la première raffinerie à haute capacité en Afrique sub-saharienne».
Si l’or (surtout brut) est, après le café, le deuxième produit d’exportation de l’Ouganda (204 millions de dollars sur le dernier exercice budgétaire) le pays en extrait bien moins qu’il n’en exporte.
Au moins une partie de l’or qui transite par l’Ouganda, légalement ou pas, provient de l’est de la RDC ou du Soudan du Sud, deux zones en guerre, estime Transparency International.
« Il y a de très grandes chances qu’une raffinerie basée en Ouganda contribue massivement à alimenter le conflit », a déclaré Peter Wandera, directeur de la branche ougandaise de l’ONG.
L’Ouganda est censée contrôler l’origine de l’or importé, mais sa réglementation est lacunaire et mal appliquée et « malheureusement de l’or entre encore en contrebande depuis l’est de la RDC vers l’Ouganda, jusqu’aux marchés étrangers», regrette Peter Wandera.
Dans un rapport de 2016, l’ONG Global Witness, estime à 28 milliards de dollars les réserves d’or que renferme le sol de l’est de la RDC. Le rapport affirme que les revenus de l’exploitation aurifère congolaise ont «trop souvent financé la corruption, alimenté les abus et les violents conflits plutôt que de soulager la pauvreté de la région».