Tunisie: des milliers de manifestants en province, violente dispersion à Tunis

La police tunisienne a violemment dispersé mardi un millier de manifestants, parmi lesquels des islamistes, hostiles à la présence de membres de l’équipe du président déchu Ben Ali dans le gouvernement de transition formé lundi (c) Afp

La police tunisienne a violemment dispersé mardi un millier de manifestants, parmi lesquels des islamistes, hostiles à la présence de membres de l’équipe du président déchu Ben Ali dans le gouvernement de transition formé lundi, ont constaté des journaliste de l’AFP.

Des milliers de Tunisiens ont manifesté dans plusieurs villes de province contre la présence dans le nouveau gouvernement de transition de membres de l’équipe sortante du président déchu Ben Ali, ont rapporté des correspondants de l’AFP.

Environ 5.000 personnes ont manifesté à Sfax (centre-est) la métropole économique du pays, où l’imposant siège local du RCD, le parti du président Ben Ali, avait été incendié par des manifestants il y a quelques jours, a rapporté un témoin.

Une manifestation a rassemblé « des milliers de manifestants » à Sidi Bouzid (centre-ouest) d’où est partie à la mi-décembre la révolte populaire contre le régime autoritaire du président Ben Ali, selon un correspondant de l’AFP. Une autre marche de protestation ayant rassemblé un millier de personnes s’est produite à Regueb, à 37 km de Sidi Bouzid, selon un autre correspondant.

Enfin, un rassemblement de 500 personnes, regroupant notamment des avocats et des syndicalistes, s’est tenu à Kasserine, autre bastion de la « Révolution du jasmin ».

A Tunis, Sadok Chourou, 63 ans, ancien président du mouvement islamiste tunisien interdit Ennahdha (Eveil), libéré le 30 octobre 2010 après avoir passé vingt ans en prison pour ses activités politiques, se trouvait en tête des manifestants.

« Le nouveau gouvernement ne représente pas le peuple et doit tomber. Non au RCD », le Rassemblement constitutionnel démocratique de l’ancien président, a-t-il déclaré à l’AFP au cours de la manifestation, rassemblant un millier de personnes sur l’avenue Habib Bourguiba, dans le centre de Tunis.

Sadok Chourou était entouré de trois personnes qui assuraient visiblement sa sécurité. Des jeunes brandissaient près de lui une pancarte « Oui à Ennahdha ».

La police a appelé les manifestants à se disperser, conformément à l’état d’urgence en vigueur qui interdit les rassmblements de plus de trois personnes, avant de tirer des gaz lacrymogènes. Rompant avec la retenue lors d’une manifestation similaire organisée lundi, les forces de l’ordre ont aussi fait usage de leurs matraques pour disperser la foule.

Les manifestants, une centaine au départ, se sont d’abord dispersés dans les rues latérales de l’avenue Bourguiba pour échapper aux gaz lacrymgènes, avant d’y revenir plus nombreux, provoquant une nouvelle intervention très musclée de la police.

« RCD assassins », ont scandé les manifestants, dénonçant le parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. « On peut vivre seulement avec du pain et de l’eau, mais pas avec le RCD », chantaient-ils.

« Nous refusons ce gouvernement criminel qui veut voler la révolte de notre peuple. Nous voulons un gouvernement qui représente vraiment le peuple. Nous dénonçons les partis de l’opposition fantoche qui sont maintenant au gouvernement », a expliqué un manifestant.

Mohammed Ghannouchi, qui était le dernier Premier ministre de Ben Ali, a été reconduit dans ses fonctions et a annoncé lundi la formation d’un « gouvernement d’union nationale », marqué par l’entrée de trois chefs de l’opposition, mais dans lequel l’équipe sortante conserve les postes clés: Intérieur, Défense, Affaires étrangères, Finances notamment.

Le chef du gouvernement a aussi annoncé la « liberté totale d’information », la libération de tous les prisonniers d’opinion, la levée de l’interdiction d’activité des organisations de défense des droits de l’homme et la légalisation de tous les partis politiques qui le demanderont.

Le nouvel exécutif a été formé trois jours après la chute du régime de Ben Ali, contraint vendredi à l’exil en Arabie Saoudite par un mois de révolte populaire, la « Révolution du jasmin », au cours de laquelle, selon le gouvernement, 78 personnes ont été tuées et 94 autres blessées.(AFP)

Martin Levalois

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