Algérie: le marché informel de la devise
Une récente déclaration du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales Dahou Ould Kablia selon laquelle « les citoyens trouvaient leur compte dans le marché parallèle de la devise et donc qu’il n’y avait aucune raison de l’interdire » avait suscité une controverse. Celle-ci a été relancée lors de la présentation du rapport de la Banque d’Algérie en début de semaine. Selon la loi algérienne, seules les banques commerciales et les bureaux de change, dont l’activité est régie par les deux directives 08-96 et 13-79 de la Banque d’Algérie, sont autorisés à vendre et à acheter la monnaie nationale. La réalité est toute autre puisque le marché parallèle de la devise est en pleine expansion profitant d’une passivité tolérante des autorités, alors que cette activité favorise la fuite des capitaux ainsi que l’évasion fiscale.
La principale raison du recours de la population à cette activité serait l’insuffisance des bureaux de change due, selon le ministre des Finances Karim Djoudi, à la faible rémunération sur la fourchette entre le coût acheteur et le coût vendeur qui refroidirait l’intérêt de la population pour ce secteur. A peine 40 autorisations pour la création de bureaux de change ont été accordées par la Banque d’Algérie depuis 1997, et une partie d’entre elles ont été retirées depuis pour cause d’infractions de change. Lors de sa présentation à l’Assemblée Nationale Populaire, le gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Laksaci a annoncé la mise en place prochaine de mesures incitatives au profit des bureaux de change et aux ménages pour soutenir le recours au marché légal des devises. Certaines d’entre elles seront liées à la convertibilité courante du dinar, c’est-à-dire au droit de change. Il est également question d’une révision de la marge de rémunération sur les commissions qui est actuellement d’environ 1%.