L’économie tunisienne, deux ans après la révolution
La politique économique adoptée en Tunisie depuis deux ans après la révolution montre ses limites. C’est la déclaration de Mustapha Kamel Nabli, ex-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, lors d’une rencontre du 2 février à Tunis, organisée par la Fondation « Temimi » pour la recherche scientifique et l’information. Il a souligné que deux scénarios sont possibles pour le pays. Le premier est l’enlisement de l’économie nationale ; le deuxième table sur une reprise, mais conditionnée, explique M. Nabli dans cette rencontre. Ces deux hypothèses sont dépendantes de l’environnement politique, économique et social qui règnera dans le pays à moyen terme. M. Nabli est peu confiant dans une reprise de l’économie tunisienne dans le court terme, au regard de la situation actuelle du pays. La relance dépendra de la mise en place d’un programme d’initiative et de développement de l’économie. Le gouvernement devrait inverser sa démarche actuelle pour rendre cela possible, en abandonnant sa « politique de relance de la consommation » et en œuvrant à la dynamisation de l’investissement et de l’exportation ». Pour cela, la mise en place de mesures radicales s’impose pour réformer les finances publiques, le secteur bancaire et celui du tourisme. Dans le deuxième scénario, plutôt alarmiste, si les conflits sociaux et les problèmes sécuritaires persistaient et si la situation politique restait confuse, alors l’économie tunisienne serait condamnée à l’enlisement. Cette situation serait pire en l’absence d’un climat favorable et d’un calendrier clair pour la tenue des prochaines élections. Une telle situation se répercuterait sur les principaux moteurs de croissance, à savoir l’investissement, l’exportation et la consommation. Ainsi, le produit intérieur brut ne dépasserait pas les 3%, alerte M. Nabli.
Ce dernier a aussi prévenu contre de véritables dangers qui challengeront le pays, si un climat de marasme persiste : Incapacité de l’Etat à honorer ses engagements, face à des finances publiques enlisées et difficulté à drainer des financements extérieurs. Le gouvernement devra donc procéder au glissement du prix de change ou suivre un programme international avec les institutions internationales pour examiner la politique des finances publiques.