Journée mondiale sans tabac : Fumer sans empoisonner les autres
Fumeur ou non-fumeur ? la question ne devrait même plus se poser depuis le temps que les études scientifiques ont révélé les ravages du tabagisme sur les deux catégories.
Par Fadwa EL GHAZI
Mais la réalité est tout autre, l’acte « d’allumer une cigarette » s’est tellement banalisé. Les jeunes, les femmes, les hommes continuent de fumer en sachant que le tabagisme, qui provoque actuellement la mort d’un adulte sur dix sur la planète, est la deuxième cause des décès au niveau mondial.
Chaque année, le tabac tue plus de cinq millions de personnes -plus que le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme réunis. Si les tendances persistent, le tabagisme pourrait tuer plus de huit millions d’individus par an d’ici 2030, et jusqu’à un milliard au 21ème siècle.
Le 31 mai de chaque année, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) marque le long périple de lutte contre ce fléau en organisant sa Journée mondiale sans tabac axée sur les dangers du tabac sur la santé publique.
.+ La gent féminine cible de choix des industries du tabac +.
Le thème retenu en 2010 : « Tabac et appartenance sexuelle: la question du marketing auprès des femmes ». Cette journée permettra de mettre en lumière les effets nocifs du marketing du tabac et du tabagisme auprès des femmes et des jeunes filles. Les femmes sont une cible de choix pour l’industrie du tabac, qui doit rallier de nouveaux consommateurs pour remplacer près de la moitié des consommateurs actuels, qui mourront prématurément de maladies liées au tabagisme.
On compte, dans le monde, plus d’un milliard de fumeurs dont 20 pc de femmes. Toutefois, l’épidémie de tabagisme parmi les femmes est en augmentation dans certains pays.
L’augmentation de la prévalence du tabagisme parmi les jeunes filles est particulièrement préoccupante. Le nouveau rapport de l’OMS, intitulé « Les femmes et la santé : la réalité d’aujourd’hui, le programme de demain », montre que la publicité en faveur du tabac cible de plus en plus les jeunes filles.
Il ressort de données de 151 pays qu’environ 7 pc des adolescentes, contre 12 pc des adolescents, fument. Dans certains pays, il y a presque autant de filles que de garçons qui fument.
Depuis 1996, le Maroc dispose d’une loi anti-tabac n°15-91 qui interdit le tabac dans certains lieux publics, la propagande, la publicité au profit du tabac. Et en 2004, le Maroc a signé la convention cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte contre le tabac.
L’association Lalla Salma de lutte contre le cancer (ALSC) avait lancé, en 2007, un programme pilote « collège, lycée et entreprises sans tabacs » dans les régions de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer, du Grand Casablanca et de Souss-Massa-Draâ.
En 2008, ce programme a été élargi dans les régions de Fès-Boulmane, Meknès-Tafilalet, Marrakech-Tensift-Haouz et Tanger-Tétouan.
Ce programme, initié en partenariat avec le ministère de la santé, le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), s’est articulé autour de la prévention primaire du tabagisme dans les milieux scolaires et professionnels et le sevrage du tabagisme chez les jeunes collégiens et lycées ainsi que dans les entreprises.
Cette initiative propose de créer et de profiter de lieux de travail et d’espaces publics sans tabac et vise plus spécifiquement la prévention à l’initiation du tabagisme chez les jeunes collégiens, lycéens et en milieu professionnel ainsi que le soutien à l’abandon du tabagisme des fumeurs et la protection des non fumeurs.
+ Dur d’être un non-fumeur +
Le non-fumeur se voit contraint de choisir soigneusement ses lieux de fréquentation pour ne pas être empoisonné par les fumeurs.
Une chose est sûre. Le tabagisme passif est à l’origine de 600.000 décès prématurés par an. Dans la fumée du tabac, on trouve plus de 4.000 produits chimiques, dont au moins 250 sont connus pour leur nocivité, et plus de 50 pour leur effet cancérigène. Environ 40 pc des enfants dans le monde sont régulièrement exposés au tabagisme passif à la maison. 31 pc des décès attribuables au tabagisme passif concernent les enfants.
Chez l’adulte, le tabagisme passif provoque de graves maladies cardiovasculaires et respiratoires, y compris les cardiopathies coronariennes et le cancer du poumon. Il peut entraîner la mort subite du nourrisson. Quant aux femmes enceintes, elles risquent d’accoucher d’enfants présentant une insuffisance pondérale à la naissance.
« Il n’existe pas de seuil au-dessous duquel l’exposition à la fumée du tabac serait sans danger », explique l’OMS dans les lignes directrices pour l’article 8 de sa Convention-cadre de pour la lutte antitabac.
L’organisation onusienne préconise, à cet effet, de créer des espaces sans fumée, seul moyen de protéger les non-fumeurs des effets nocifs du tabagisme passif.(MAP)