Algérie : L’emprunt obligataire un moyen de blanchiment des capitaux
La décision du gouvernement algérien d’avoir recours à l’emprunt obligataire pour relancer l’économie n’a pas que des adeptes.
Selon certains Algériens cet emprunt obligataire va permettre à leurs concitoyens de faire du blanchiment de capitaux avec des bénéfices en bonus.
«Avec l’amnistie fiscale, tu paies 7% et tu blanchis ton argent. Avec l’emprunt obligataire, tu gagnes 5% et tu blanchis ton argent. Le choix est clair», a commenté un économiste, opposé à l’emprunt obligataire. Pour lui, le ministère des Finances «a décidé d’enterrer l’offre de conformité fiscale sans le reconnaître publiquement ».
Dans le secteur informel algérien, on assure que l’argent que le gouvernement veut drainer vers le circuit formel n’est pas stocké dans des sachets noirs et enfoui dans la cave. « C’est de l’argent vivant, qui circule à une vitesse que ne soupçonnent même pas nos ministres », a laissé entendre un homme d’affaires d’Alger s’est montré très sceptique quant à l’emprunt obligataire.
L’offre d’amnistie fiscale est virtuellement abandonnée et l’emprunt obligataire prend désormais le relais, voilà comment ces « antis emprunt obligataire » voient la situation.
La conformité fiscale volontaire, lancée en août 2015 après validation de la loi de finances complémentaire, offrait aux détenteurs d’argent informel la possibilité de l’introduire dans le circuit bancaire contre une amende forfaitaire de 7%.
La mesure selon le ministre des Finances, Abderrahmane Benkalfa, visait entre autres à « attirer vers les banques une partie de l’argent informel, trouver de nouvelles sources de financement de l’économie, et atténuer la baisse des liquidités qui se profilait avec la baisse des recettes extérieures du pays ».
Six mois plus tard, les résultats sont en deçà des attentes. En février dernier, Le Directeur général des impôts, Abderrahmane Raouia, a révélé que seules 250 personnes avaient souscrit à l’offre de conformité fiscale, insinuant que le résultat est très faible.
Devant un tel échec, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a annoncé en début mars, que la nouvelle formule pour capter l’argent informel serait emprunt obligataire, rémunéré à 5%. Il est sensé être lancé à la mi-avril, sans aucune condition de justification des fonds, comme pour la « conformité fiscale ».