Maroc : Les islamistes remportent de nouveau les législatives mais font face à une rivalité tenace des modernistes
Après sa victoire de 2011 et au terme de cinq années au gouvernement, le Parti islamiste marocain Justice et Développement (PJD) a de nouveau remporté les élections législatives organisées vendredi, dans une victoire à l’arrachée contre son rival moderniste, le Parti Authenticité et Modernité (PAM), mais qui ne manque pas de renforcer l’équilibre démocratique dans le pays.
Le ministère de l’Intérieur marocain a annoncé samedi les résultats des élections législatives organisées la veille dans le pays. Le PJD remporte 125 sièges, devant le parti centriste du PAM qui a été crédité de 102 sièges, loin devant la parti historique marocain de l’Istiqlal avec ses 46 sièges.
Les deux partis rivaux qui ont raflé, à eux seuls, plus de la moitié des 395 sièges du Parlement, s’étaient livré à des joutes verbales acerbes lors d’une intense campagne élecorale. Les islamistes du PJD ont ainsi confirmé les pronostics qui les donnaient vainqueurs, même si les modernistes du PAM ont réalisé une percée fulgurante, obtenant plus que le double des sièges de 2011. Ils s’imposent désormais comme la principale force de l’opposition face aux islamistes.
Et en dépit de cette victoire qui renforce l’ancrage des islamistes dans la vie politique au Maroc, le PJD devra former à nouveau un gouvernement de coalition en cherchant des alliances avec des partis qui ne partagent pas forcément son référentiel idéologique. Dans l’exécutif sortant du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, les islamistes menaient une majorité formée du parti libéral du RNI, du MP (berbériste) et même du petit parti progressiste du PPS.
Au bout de ce processus, le roi Mohammed VI désignera le Chef du gouvernement qui sera issu du parti arrivé en tête des élections, en l’occurrence le PJD. Malgré la déception du PAM qui a espéré jusqu’au bout remporter ce scrutin, les législatives de ce vendredi n’auront fait, au final, que renforcer l’expérience démocratique au Maroc.
Ainsi, les quelque 4000 observateurs nationaux et internationaux qui ont supervisé le suffrage ont fait part de la régularité et de la transparence de l’opération de bout en bout. Cette situation du Maroc est d’autant plus pertinente à relever qu’elle contraste avec un contexte régional et arabe particulièrement trouble et incertain.