COP22 : Les pays africains en bataille rangée pour la «finance climat»
La «finance climat», autrement dit l’argent consacré par les pays les plus développés à financer la lutte contre le réchauffement climatique dans le monde, est sans nul doute le principal cheval de bataille des pays africains invités à la COP22 qui se tient du 7 au 18 novemebre à Marrakech, la ville ocre du Maroc.
Pour certains observateurs, ce dossier est le plus épineux des négociations sur le climat. Lors de la précédente édition de la COP tenue à Paris, les pays du Nord ont promis une enveloppe financière de 100 milliards de dollars par an à compter de 2020, dénommée le «Fonds vert» mais les pays africains veulent des garanties sur la façon dont sera utilisé cet argent, car pour le moment c’est le plus grand flou. Pour les négociateurs du continent il y a deux priorités : décrocher des financements et simplifier les règles d’accès à ces fonds.
En ce qui concerne la première priorité, il s’agit de s’assurer que l’argent mis sur la table ne servira pas seulement à financer les énergies renouvelables, mais également à aider les pays les plus vulnérables dont beaucoup se trouvent en Afrique, à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique, par exemple en développant de nouveaux modèles agricoles pour faire face aux vagues de sécheresse. C’est ce qu’on appelle l’adaptation et pour le moment seuls 20 % des financements y sont consacrés, a-t-on appris dans les coulisses de la conférence de Marrakech.
En seconde priorité, les pays africains sollicitent des accompagnements pour mieux structurer leurs projets, car il est constaté que par manque d’expérience et de savoir-faire, la plupart des pays d’Afrique ont du mal à monter des projets qui répondent aux critères internationaux. Ils veulent donc qu’on les aide au plan technique, qu’on les forme et vite, car 2020 c’est pour bientôt, et l’Afrique craint de ne pas être assez aguerrie pour décrocher des financements et de voir d’autres pays, plus avancés comme l’Inde, rafler toute la mise.
C’est ce qui c’était produit après le protocole de Kyoto. Sur les investissements Nord-Sud promis à l’époque, seuls 5 % avaient profité à l’Afrique. Un scénario que les négociateurs du continent redoutent et ne veulent pas voir se répéter.
Parmi les huit premiers investissements du Fonds vert pour le climat de l’ONU, trois sont en Afrique. Deux sont destinés à l’adaptation au changement climatique au Sénégal et au Malawi, et le troisième financement est affecté à l’électricité verte au Rwanda.