Le congrès américain s’apprêt à réactiver une loi anti-OPEP
La poussée de fièvre sur le marché pétrolier, où le cours du Brent est à son plus haut niveau depuis 2014, a poussé le Congrès américain à sortir des oubliettes, une proposition de loi anti-OPEP, que l’on pensait enterrée depuis plus de 10 ans.
Une sous-commission du Sénat tient ce mercredi une audition sur cette loi dite Nopec (No Oil Producing and Exporting Cartels Act) – littéralement « Loi sur les cartels ne produisant et n’exportant pas de pétrole », qui aurait pour effet de lever l’immunité souveraine des Etats membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) aux Etats-Unis.
La loi modifierait la législation antitrust pour permettre de poursuivre pour collusion, les pays de l’OPEP. Elle interdirait de restreindre la production d’hydrocarbures ou d’en fixer les prix.
L’audition devant la Sous-commission du Sénat sur l’Antitrust, la Politique de la concurrence et les Droits des consommateurs devrait permettre de sonder la position de l’exécutif, a indiqué Joe Mc Monigle, analyste spécialiste de l’énergie chez Hedgeye Potomac Research.
Les sénateurs entendront notamment Makan Delrahim, chef de la division Antitrust du département de la Justice, qui s’est exprimé par le passé, en faveur d’une telle législation.
Rejetée jusqu’ici par le l’administration américaine soucieuse de ménager l’Arabie saoudite, la proposition de loi pourrait trouver un nouvel écho auprès du président Donald Trump, qui s’en prend régulièrement à l’OPEP et à sa politique des prix.
Avec près de 1.000 milliards de dollars (868 millions d’euros) d’investissements aux Etats-Unis, Ryad aurait beaucoup à perdre si cette loi venait à être mise en application.
L’Arabie saoudite fait du lobbying auprès du gouvernement américain pour empêcher la loi de revenir sur la table, selon des sources proches du dossier. Les compagnies pétrolières et les lobbies du monde des affaires s’y opposent aussi, en mettant en avant le risque de représailles.
L’OPEP contrôle la production de ses membres en leur assignant des objectifs et les orientations à suivre sur le marché des hydrocarbures.
Depuis sa décision, fin 2016, de réduire sa production pour stabiliser l’offre mondiale, le cours du baril de Brent a rebondi de plus de 80%, s’établissant hier mardi à 85 dollars le baril.