Maroc: L’accès au nucléaire civil requiert l’acquisition de connaissances en la matière (Mme Benkhadra)

L’accès au nucléaire civil « requiert des pays en développement de s’approprier les technologies pertinentes et d’acquérir toutes les connaissances et apprentissages » en la matière, a affirmé, lundi à Paris, la ministre de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement, Mme Amina Benkhadra.

Intervenant lors d’une table ronde sur les enjeux de la formation, organisée en marge de la Conférence internationale sur l’accès à l’énergie nucléaire civile, Mme Benkhadra a souligné que l’accès au nucléaire civil exige de « se conformer aux conditions de non prolifération auxquelles tout Etat responsable doit se soumettre ».
Soulignant l’intérêt particulier des ressources humaines dans ce domaine, Mme Benkhadra a relevé que « la formation est considérée, à juste titre, comme une des principales infrastructures de base devant assurer la pérennité de tout programme nucléaire ».
Ainsi, « pour un pays en développement, dépourvu de ressources énergétiques fossiles et confronté au choix d’un mix énergétique incluant l’option nucléaire, cette question devrait être envisagée très tôt dès la phase de réflexion prospective sur l’électronucléaire et peut être une à deux décennies avant la prise de décision ».
Le Maroc, pays peu doté en ressources propres et fortement dépendant de l’extérieur, connaît une croissance importante de ses besoins en énergie tirée par sa croissance économique et sociale, a indiqué Mme Benkhadra, rappelant que la consommation nationale en électricité sera multipliée d’ici 2030 par un minima de 4 et un maxima de 6 selon les scénarios.
A cet effet, « la sécurité d’approvisionnement du Maroc exige la diversification des sources et ressources d’énergie, c’est la raison pour laquelle nous avons inscrit la priorité du développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique et le recours à long terme entre 2020 et 2030 à l’électronucléaire », a-t-elle ajouté.
Le Maroc dispose d’un centre de recherche et d’études nucléaires réalisé dès 2002 qui abrite le premier réacteur de recherche de 2MW mis en service en 2009. Ce Réacteur constitue le noyau de l’activité du Centre d’études nucléaires, qui a développé, depuis une dizaine d’années, diverses applications des techniques nucléaires dans les différents secteurs socio-économiques, a rappelé Mme Benkhadra. 
« Les acquis de cette première expérience nucléaire sont valorisés dans la préparation et la réalisation de l’option électronucléaire considérée par le Maroc dans sa nouvelle stratégie énergétique à l’horizon 2020-2030 comme un moyen de diversification de son bouquet électrique », a-t-elle fait observer.
En effet, le Maroc dispose aujourd’hui de plusieurs atouts dont une culture de transparence nucléaire à l’échelle internationale acquise à différents niveaux des structures de l’Etat, une culture de sûreté et sécurité nucléaires institutionnalisée sur le plan réglementaire, a souligné Mme Benkhadra.
Cette Conférence internationale sur l’accès à l’énergie nucléaire civile, dont les travaux se poursuivent mardi, connaît la participation de plus de 60 pays.
A l’ouverture de cette rencontre, organisée par la France, en coordination avec l’AIEA et avec le concours de l’Agence pour l’Energie nucléaire (AEN) de l’OCDE, le président français Nicolas Sarkozy avait appelé la Banque mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et les banques de développement à financer l’accès à l’énergie nucléaire civile.
« Je propose donc et j’appelle tous les pays qui partageraient cette position à nous rejoindre pour que toutes les énergies décarbonées puissent être financées par les crédits de CO2 », avait-il indiqué.
M. Sarkozy avait également insisté sur le respect de « la non prolifération », soulignant que « personne n’a intérêt à une nouvelle course aux armements ».
Six tables-rondes traitant des thèmes du « nucléaire et mix énergétique dans une perspective de développement durable », « l’utilisation responsable de l’énergie nucléaire », la « coopération envers les primo-accédants », « le financement pour un programme nucléaire », « les enjeux de la formation » et « les perspectives de l’énergie nucléaire dans le moyen et long-terme », sont au menu de cette Conférence.(MAP)

Martin Levalois

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