Maroc: le marché de l’acier et les producteurs européens
La Sonasid, la société nationale de sidérurgie, a organisé cette semaine à Casablanca une conférence pour présenter ses résultats. Son chiffre d’affaires a pratiquement fait du sur-place entre le premier semestre de cette année et la même période de l’année précédente en approchant les 320 millions de dollars US.
Mais le top management de la compagnie a tenu plus particulièrement à attirer l’attention sur l’incursion des produits européens sur le marché. Les importations d’acier des pays d’Europe du Sud ont bondi de façon spectaculaire. Sur le premier semestre de cette année, le Maroc a importé 78 000 tonnes de fil de machine contre 21 000 tonnes sur la même période de l’année précédente, ce qui représente une progression notable de 271%. Il en est de même pour le rond à béton dont les importations ont progressé de 460% en passant sur la même période de 7 500 tonnes à 42 000 tonnes. Le démantèlement douanier au mois d’avril a favorisé ce phénomène, contribuant à une situation à fin août où les produits importés représentaient 20% du marché. Pour Ayoub Azami, le Directeur Général de la Sonasid, la situation est certes préoccupante, mais pas alarmante. La raison de sa sérénité réside paradoxalement dans le facteur qui attire tant les producteurs européens, à savoir les énormes potentialités du marché marocain. L’industrie sidérurgique d’Europe du sud, en surcapacité et ne trouvant plus assez de demande en ces temps de crise, se tourne vers les pays d’Afrique du Nord. Et le Maroc est très attractif, notamment le regain constaté après le Ramadan de l’auto-construction ainsi qu’avec la promesse de l’actuel gouvernement de maintenir la politique publique visant le développement des grands projets d’infrastructures.
La Sonasid en appelle toutefois à la vigilance de l’État pour protéger l’industrie nationale de pertes trop importantes.