Italie: la mafia, grande gagnante de la crise économique
Un rapport du département d’information financière de la Banque d’Italie publié la semaine dernière révèle une augmentation alarmante du nombre de transactions financières douteuses. L’année dernière elles ont enregistré une augmentation de 31.5% à 49 000, ce qui représente sept fois leur nombre deux ans auparavant. Même si bon nombre d’entre elles se sont au final révélées être de fausses pistes, la situation n’en demeure pas moins préoccupante étant donné qu’un tiers se sont effectivement avérées illégales. Elles recouvrent des actes de blanchiment d’argent, de corruption, d’évasion fiscale, d’extorsion, de fraude, d’usure, de trafic de drogue, et bon nombre d’autres infractions moins graves comme les infractions administratives. Plusieurs de ces transactions illégales ont été reliées à des organisations criminelles telles que la Cosa Nostra en Sicile ou encore la Camorra napolitaine. La région la plus riche d’Italie, la Lombardie, a enregistré un quart des 445 transactions douteuses reliées par les enquêteurs à la mafia. 185 des transactions qui ont débouché sur des enquêtes criminelles ont été reliées à la mafia de Calabre, l’une des organisations les plus importantes dans le trafic de drogue dans le sud de l’Europe, profondément enracinée dans la région milanaise. La récession et la raréfaction du crédit bancaire font les affaires des évadés fiscaux, escrocs et autres truands. La situation, selon les procureurs italiens en charge de la lutte contre la mafia, laisse le champ libre aux organisations criminelles pour investir leurs liquidités, dont elles ne manquent pas, dans l’économie réelle. La crise ferait prendre dans leurs filets même les hommes d’affaires honnêtes.
Au point qu’une autre étude a estimé l’économie criminelle et le blanchiment d’argent dans le pays à respectivement 11% et 12% du Produit Intérieur Brut annuel de la troisième économie de la zone euro.