Turquie : Les manifestations chroniques menacent la sécurité
La sécurité turque reste perturbée et les confrontations policiers-manifestants sont devenues chroniques. Samedi dernier, les manifestants se rendaient en foule sur la place Taksim d’Istanbul, bastion de la fronde contre le gouvernement, quand ils se sont heurtés à la police faisant usage de gaz lacrymogène et de canons à eau.
Les manifestants réunis à l’appel du collectif Solidarité Taksim ont été repoussés et dispersés par la police antiémeute. Les forces de l’ordre ont réussi à empêcher pendant plusieurs heures le retour des contestataires, grâce à des jets sporadiques de grenades de gaz lacrymogène. Le collectif Solidarité Taksim avait appelé à manifester pour réinvestir le parc Gezi, dont la destruction annoncée avait été contestée le 31 mai dernier. En début juin, une décision du tribunal administratif a annulé le projet d’aménagement de la place Taksim et la suppression du parc Gezi, puisque la population n’avait pas été consultée et que son « identité » est violée. Les opposants au projet ont salué cette décision du tribunal publiée cette semaine. Peu avant ces nouveaux affrontements, le gouverneur d’Istanbul avait interdit samedi aux manifestants les rassemblements sur la place Taksim.
Rappelons le cheminement des violences autour de Taksim. Les militants écologistes se sont opposés au projet d’aménagement de Taksim défendu par le premier ministre et ancien maire d’Istanbul Recep Tayyip Erdogan. Ils furent alors violemment attaqués le 31 mai par la police, ce qui a suscité la colère de nombreux turcs et transformé le mouvement de défense du parc Gezi en vaste fronde politique contre le gouvernement islamo-conservateur turc, arrivé au pouvoir en 2002. Environ 2,5 millions de personnes sont alors descendues dans la rue dans près de 80 villes pendant trois semaines pour exiger la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir « islamiser » la société turque.
Le parc Gezi a été occupé pendant plus de deux semaines par des milliers de manifestants, jusqu’au 15 juin où ils furent chassés par la police. Selon le dernier bilan de l’Association des médecins, ces manifestations ont fait quatre morts dont trois contestataires et un policier, et près de 8.000 blessés.