Libye :Libération du Premier ministre
Des hommes armés appartenant à une ancienne faction rebelle ont enlevé jeudi matin le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, en représailles à la capture d’un responsable d’Al Qaïda par une unité des forces spéciales de l’armée américaine samedi à Tripoli. Ils lui reprochent d’avoir autorisé la capture par l’armée américaine d’un responsable d’Al-Qaïda sur le sol libyen. Selon le gouvernement, M. Zeidan a été « libéré et non relâché » par ses ravisseurs, laissant entendre qu’une opération avait eu lieu.
Ses ravisseurs l’ont capturé par surprise quand il sortait, le matin, de l’hôtel Corinthia. Des hommes armés issus de la Chambre des révolutionnaires de Libye, (une milice constituée d’ex-rebelles), avaient revendiqué le rapt, précisant que M. Zeidan était « en bonne santé » et qu’il serait « bien traité ». Ils ont expliqué avoir agi pour dénoncer l’assistance apportée par le gouvernement libyen à l’opération conduite par les forces spéciales américaines qui ont appréhendé Abou Anas al Liby.
La Chambre des révolutionnaires de Libye est affiliée au ministère de l’Intérieur qui lui a confié la tâche d’assurer la sécurité dans la capitale libyenne, dans le cadre d’un programme d’intégration des anciens rebelles armés. L’opération militaire américaine qui a eu lieu samedi à Tripoli a suscité la colère de mouvements islamistes. Certains accusent le gouvernement d’en avoir été informé au préalable. Le Congrès, la plus haute autorité politique du pays, a alors enjoint à Washington de lui remettre immédiatement Abou Anas Al-Liby. Pour sa part, Zeidan a annoncé sur son compte Twitter qu’il est libre et qu’il ne démissionnera pas comme le voulaient ses ravisseurs.
Deux ans après la mort de Mouammar Kadhafi et la mise en place d’un pouvoir de transition, le rapt du Premier ministre montre que le gouvernement actuel a du mal à imposer son autorité aux nombreux groupes armés, actifs sur l’ensemble du vaste territoire libyen. En effet, la méthode de l’intégration en douceur a été préférée à celle de la démobilisation de force, dans le but d’éviter à la Libye un basculement vers une guerre civile, difficile à arrêter.