Tunisie : Mainmise du clan Ben Ali sur le secteur privé
La Banque mondiale a publié jeudi, un rapport révélant que le cadre réglementaire en place pendant les années de dictature Ben Ali a permis aux proches de l’ex président de s’approprier près d’un quart des profits du secteur privé.
Le rapport de la Banque mondiale a examiné à la loupe les comptes de 220 entreprises contrôlées pendant cette période par le pouvoir. Le cadre réglementaire en place ainsi que les nouvelles réglementations édictées au fur et à mesure protégeaient de la concurrence les intérêts des membres de la famille Ben Ali aux commandes d’un réseau d’entreprises privées. A titre d’exemple, le « code d’incitations aux investissements » a été modifié à 25 reprises pendant les dix dernières années du régime dans le but de restreindre l’accès des investisseurs au marché tunisien.
Dans tous les secteurs d’activité, la part de marché d’une société détenue par le clan Ben Ali était en moyenne 6.3% plus importante que celle toute autre société concurrente. Fin 2010, la Banque mondiale estime que le clan de l’ancien dictateur empochait plus de 21% des bénéfices réalisés par le secteur privé. Toutes ces manigances et cette corruption ont pu être dissimulées aussi longtemps par l’illusion de l’ouverture économique du pays qui était même parvenue à tromper la Banque mondiale elle-même, ainsi que d’autres institutions financières internationales telles que le Fonds Monétaire International.
Mais ce miroir aux alouettes a volé en éclats avec la Révolution de 2011. Le nouveau régime qui a pris les rênes du pays accuse Zinedine Ben Ali d’avoir détourné entre 15 et 50 milliards de dollars tout au long de ses vingt-trois années de règne. Au total, le nouveau régime a procédé à la confiscation de 550 propriétés immobilières, 48 bateaux et yachts, 367 comptes bancaires et près de 400 entreprises appartenant au clan Ben Ali.