La CNUCED dénonce de vastes fraudes dans les exportations des matières premières en Afrique
La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a publié en marge de sa 14ème session, qui se tient à Nairobi jusqu’au 22 juillet, un rapport qui dévoile de vastes fraudes organisées autour des exportations des matières premières en Afrique.
Le rapport a comparé sur différentes périodes, les données entre les déclarations des pays exportateurs et ceux des pays qui importent ces matières premières de base. Une comparaison qui fait apparaitre des écarts très significatifs entre les chiffres déclarés par les pays exportateurs et ceux des pays importateurs.
Contrebande, évasion fiscale, limitation des taxes douanières, contournement des lenteurs administratives… les raisons sont multiples et mal connues, mais les pays africains exportateurs de matières premières peuvent perdre jusqu’à deux tiers de recettes et de taxes du fait de fausses factures, indique ce rapport qui a surpris plus d’un.
Quatre pays africains ont retenu particulièrement l’attention de la CNUCED. Il s’agit du Nigeria, de la Côte d’Ivoire, de la Zambie et de l’Afrique du Sud, des pays dont les recettes d’exportation dépendent dans une proportion importante de ces spéculations.
Le rapport fait ressortir qu' »entre 1996 et 2014, la sous facturation des exportations de pétrole du Nigéria vers les Etats-Unis est estimée à 69,8 milliards de dollars, soit 24,9% du total des envois de brut vers ce pays. En Afrique du Sud, il en a été de même pour 67% des exportations totales d’or vers l’Inde, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume Uni entre 2000 et 2014, soit l’équivalent de 78,2 milliards de dollars qui ne figurent pas dans les statistiques du pays. Et plus de la moitié des exportations de cuivre de la Zambie, entre 1995 et 2014, soit 28,9 milliards de dollars, restent introuvables dans les comptes du commerce extérieur de la Suisse. Il en ainsi pour Côte d’Ivoire où, entre 1990 et 2014, 31,3% des exportations déclarées de cacao vers les Pays-Bas n’apparaissent pas dans les transactions néerlandaises pour une valeur globale de 5 milliards de dollars ».
Selon le secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, ces fonds « disparus » peuvent servir à financer des projets sociaux pour améliorer les conditions de vie des populations de ces pays dits en voie de développement.