Ramadan mois sacré ou Ramadan mois du business rentable ?
De la tradition des soirées de conteurs, aux produits égyptiens et syriens qui se taillaient la part du lion, les productions marocaines se sont enfin imposés et ne sont pas du tout prêts à céder le trône maintenant que la culture des sitcoms s’est instaurée dans l’inconscient ramadanesque.
Auxiliaire de repas gargantuesques, de grandes messes familiales et, surtout, de longues heures passées devant le poste de télévision. Les publicitaires, producteurs et programmateurs ont tout compris : Si ce mois est tant attendu et exploité c’est surtout parce que c’est celui de la surconsommation ; Mois dans lequel les Marocains – toutes catégories socioprofessionnelles confondues – sont prêts à avaler s ces programme qui apparemment ne cernent pas le vrai sens de l’humour quoique professionnels dans l’art du sarcasme (en sou estimant les qualités intellectuels de son auditoire).
À l’heure du f’tour, les téléspectateurs marocains sont bombardés par une vingtaine de publicités successives. En temps normal-sur 2M par exemple-, la diffusion d’un spot publicitaire de trente secondes en prime time coûte au maximum 38 000 dirhams. Pendant le ramadan, ce chiffre peut atteindre les 65 000 dirhams. La notion de prime time, quant à elle, se modifie. « Nos grilles de programmes changent du tout au tout. Nous avons trois prime times : le premier avant le f’tour, le deuxième pendant, et un dernier vers onze heures ou minuit.
Et ce qui concerne l’engrangement du maximum de profits, c’est plutôt réussi ! En témoigne le succès de Lalla Fatéma, produite par Ali’n Productions et diffusée sur 2M de 2001 à 2003. La sitcom, a rapporté à la chaîne plus de trois fois le montant investi, soit environ 20 millions de dirhams en chiffre d’affaires publicitaire, grâce à un taux d’audience de 72 %.
« Grace » à ce succès fulgurant, Aujourd’hui tout le monde se permet de penser que faire une sitcom, c’est facile et ça peut rapporter gros. Et en parlant de gros rendements, il ne faut pas rester insensible au plus important : la déviation du vrai pourquoi de ce mois sacré et qui doit rester primordialement l’adoration, la détermination et l’effort.
« Pour moi Ramadan c’est Avoir une table bien colorée tout aliments confondus dont la moitié se retrouverait deux heures plus tard à la poubelle, regarder quelque chose de Marocain, même si des fois, c’est lamentable, me confie Amine, Je préfère cette ambiance « Kitch », ça manque peut être de qualité mais avoir une table typiquement marocaine avec l’assaisonnement du même drapeau renvoie en quelque sorte à notre identité. » Pour un lavage de cerveau c’est plutôt réussi grâce à l’exploitation de produits à identité « maroco-musulmane »
Cette extension du marché à l’univers de l’islam participe du processus de réification global propre au système capitaliste. Le marché « islamique » devient un instrument destiné à étendre la sphère capitaliste à un espace non-marchand : l’espace de l’islam, de son imaginaire et de sa spiritualité. Cette image de l’islam utilisée en dehors de la culture et de la spiritualité musulmane ne peut qu’anéantir l’être musulman : Par ce processus de réification, le capitalisme tend à transformer le musulman, porteur d’une culture et d’une spiritualité, en consommateur d’images de l’« islam ».
Face à la réification de l’islam par le capitalisme, à la transformation du jeûne du mois de ramadan en fête consumériste et à l’aliénation d’une communauté incapable d’être maîtresse de son identité, l’essence spirituelle du jeûne peut permettre de se libérer de ces différentes structures de domination pesant sur les musulmans en général et les Marocain en particulier.
Cette essence spirituelle se trouve non pas dans le consumérisme marchand que cherche à imposer la civilisation capitaliste mais dans le souvenir du Créateur.
Houda Moutaouaf