Tunisie: La confiance n’y est plus!
D’après ce même économiste, les mesures prises concernant la réduction des prix des biens de consommation de base revêtent plutôt un caractère démagogique visant à calmer la colère de la rue. «Les véritables problèmes des Tunisiens se situent bien au-delà des prix du sucre, du lait ou du pain», dit-il.
Il est facile de saisir que les revendications des Tunisiens aujourd’hui sont passées à un stade supérieur. Ce qu’ils veulent, ce qu’ils exigent même c’est de juger et de questionner tous ceux qui, pendant des années, ont été complices de corruption, de détournement de fonds, d’acquisition de bien publics et privés en toute illégalité, tous ceux qui se sont soumis à une autorité autre que celle des intérêts du pays et du peuple.
Les revendications des Tunisiens vont vers la légitimation des élus, lesquels, dans leur grande majorité, n’ont pas assuré leur rôle de dignes représentants et de défenseurs des intérêts du peuple et du pays et qui ont plutôt choisi de se taire et d’être les complices de la spoliation des biens du peuples et du pays et parfois d’en profiter…
La Tunisie n’accordera plus sa confiance aux personnes mais aux institutions, lesquelles on s’est acharné à vider de toute consistance, qui doivent primer désormais. Les seules garantes de la démocratie, de la liberté, de la bonne gouvernance, du pluralisme et de la transparence sont des institutions bien fondées et qui ont le poids et la suprématie légale et légitime pour faire face à tous les abus et prévenir tous les dépassements de tout et de tous. Elles doivent être gardiennes du respect de la Constitution et de la loi.
Personne ne peut nier l’importance des institutions dans le développement et la croissance économiques. D’après les experts, «le PIB par habitant est étroitement lié à des différences dans la qualité des institutions, mesurée par un ou plusieurs indices de gouvernance, intégrant par exemple la participation des citoyens, la stabilité politique ou le poids de la réglementation».
Le rôle des médias est également, aujourd’hui, plus important que jamais, à savoir celui d’informer, de dénoncer, de ne plus se taire. D’après Soufiane Farhat, journaliste, écrivain et candidat au nouveau bureau de l’Association des Journalistes tunisiens, «les médias ont été plutôt une partie de la crise que vit aujourd’hui la Tunisie qu’un ingrédient fondamental de la solution. La non-couverture initiale d’un fait grave (l’immolation par le feu du jeune Mohamed Bouazizi), puis l’ignorance délibérée des manifestations pacifiques qui s’ensuivirent, puis la dénaturation des faits et la diabolisation des protestataires n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu. Le rôle des médias, c’est tout simplement d’informer. Les faits sont sacrés, le commentaire est libre».
Par Amel Belhadj Ali ( Web Manager Center )