Tunisie: l’UE va geler les avoirs de Ben Ali et de sa famille

Les pays européens sont tombés d’accord jeudi lors d’une réunion d’experts sur le principe d’un gel des avoirs du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali et de ses proches, dont les détails restent à préciser, a indiqué une source diplomatique européenne à l’AFP.

« On a un consensus sur le gel des avoirs » de l’ancien chef de l’Etat Ben Ali, de sa famille et de son entourage, a souligné cette source.

Cet accord préliminaire a été conclu lors d’une réunion à Bruxelles des experts des 27 pays de l’UE sur le Maghreb.

L’UE attend à présent que les nouvelles autorités tunisiennes au pouvoir lui transmettent une liste précise des personnes à cibler pour ces sanctions, selon le diplomate.

La décision de principe devra encore être formalisée par les ambassadeurs des Etats de l’UE puis surtout par les ministres européens des Affaires étrangères, très vraisemblablement lors de leur prochaine réunion prévue le 31 janvier.

« Les préparatifs des sanctions ont commencé », a indiqué une autre source diplomatique à l’AFP. Ils portent entre autre sur la rédaction des textes juridiques qui seront nécessaires.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a émis le souhait qu’un tel gel puisse intervenir au niveau européen à la fin du mois.

« Dans les enceintes compétentes de l’Union européenne, la France a appelé à un gel européen des avoirs (…), en plaidant pour qu’une liste des personnes visées puisse être adoptée par le prochain Conseil Affaires étrangères, fixé au 31 janvier », a déclaré son porte-parole, Bernard Valero.

De son côté, la porte-parole de la chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton, Maja Kocijancic, s’est contenté de dire qu’à ce stade le gel était une possibilité à l’étude.

« C’est une option sur la table », a-t-elle déclaré à la presse.

« On va voir ce qu’on peut faire, en contact avec les autorités tunisiennes, en tout cas l’Union européenne a la possibilité d’introduire un gel des avoirs de la famille Ben Ali », a-t-elle ajouté.

Le sujet pourrait être abordé vendredi à Bruxelles lors d’une réunion programmée d’ambassadeurs des 27 pays de l’UE, mais la finalisation des sanctions n’interviendra pas avant la semaine prochaine.

Le gel des avoirs de la famille Ben Ali entrera dans le cadre d’un ensemble de mesures de soutien de l’UE à l’étude en faveur des nouvelles autorités tunisiennes, dans le domaine économique notamment.

Toutefois, des voix se sont élevées pour critiquer la lenteur de la réaction européenne, et de Catherine Ashton, face à la révolution du jasmin survenue pratiquement à sa porte.

« J’attends que la Haute représentante (de l’UE) aux Affaires étrangères (Catherine) Ashton soit à la hauteur de l’événement et du défi du moment en apportant une réponse collective vigoureuse de l’UE », a demandé jeudi la présidente du parti libéral européen, Annemie Neyts-Uyttebroeck, dans un communiqué.

Mercredi, la Suisse a décidé de bloquer avec effet immédiat les avoirs que le président tunisien déchu et son entourage pourraient détenir dans la Confédération, afin d’éviter des transferts à l’étranger.

Elle a ainsi emboîté le pas à la France qui samedi, après l’annonce de la fuite du président tunisien en Arabie saoudite, avait bloqué d’éventuels mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France.

L’Allemagne soutiendra tout blocage de comptes bancaires que l’ex-président tunisien et ses proches possèdent dans l’UE, a aussi déclaré le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires européennes, Werner Hoyer.(MAP)

Martin Levalois

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