Hicham EL KABBEJ, Hoba Hoba Spirit, H-Kayn,…
Vous connaissez sûrement Hoba Hoba spirit, vous êtes des milliers de fans à supporter les leaders de la « 7y7a music », vous étiez presque 30 millions marocains à répéter la célèbre « koulna Mgharba » des H-kayn et sur les ondes des radios marocaines vous avez sûrement eu la chance de savourer les tubes de Ahmed Soultan … mais vous ne vous êtes jamais demandés qui est derrière leur succès … Le Magazine du Manager s’est pausé la question à votre place et telle était la réponse : derrière leur succès il y a le talent, l’enthousiasme et Hicham El KABBEJ.
Le Mag: « Chkoun houwa » Hicham EL KABBEJ?
Hicham: Hicham El Kabbej est un jeune Marocain de 36 ans qui travaille dans l’artistique, en général, et la musique, en particulier… Il aime aussi d’autres choses comme le sport, le cinéma, les jeux vidéos, la découverte des autres cultures et s’amuser avec ses potes. Il travaille aussi avec H-Kayne, Hoba Hoba Spirit, Ahmed Soultan et Mobydick.Pour finir, il contribue (à des degrés différents) sur des événements tels que le Boulevard, le Festival Gnaoua d’Essaouira, Casa Music et Génération Mawazine.
Le Mag: Vous le vivez comme métier, le management artistique, ou est-ce une passion ?
Hicham: C’est mon métier mais c’est une passion avant tout…. J’ai déjà eu des métiers intéressants mais celui-là est celui que j’exerce presque naturellement, par amour de la musique. En fait, je ne conçois pas vraiment une réorientation vers une autre carrière (ou alors ce sera très similaire). De plus, c’est quand même un métier à risque… presque saisonnier au Maroc ! Il faut vraiment l’aimer et y croire dur.
Le Mag: Quel est le parcours à suivre pour devenir manager artistique ?
Hicham: En ce qui me concerne, pas de secrets. Tout ce qui peut faire un bon chargé de projet, par exemple…. Connaissance du « produit », Gestion des Finances, du temps et des Ressources Humaines, parfois. Ensuite, la communication et les outils pour la mener à bien font le reste.Tout est question de passion, confiance et relationnel… Passion pour croire en ce qu’on offre et savoir comment le présenter, Confiance en ce qui concerne l’adhésion de son équipe à une stratégie ou une décision et Relationnel pour l’aptitude à communiquer et se créer un réseau.
Le Mag: Les managers artistiques, qui existent au Maroc, comment vous les évaluez, sont-ils formés compétents, ou sont-ils juste des « intrus parasites » sur ce domaine ?!
Hicham: Je dois vous avouer que j’estime moi-même être en période de formation… Je ne peux donc pas me permettre de juger de la compétence des autres. Par contre, je vous confirme l’existence d’intrus parasites… Beaucoup de gens désœuvrés s’improvisent Managers d’artistes ou Organisateurs d’événements. Effet de mode ?
Le Mag: Comment êtes-vous devenu manager ? Un parcours universitaire qui s’est terminé ainsi, ou c’est le destin qui l’a voulu … vous avez choisi de devenir un manager, ou c’est le management qui vous a choisi ?
Hicham: Je dirai plutôt que c’est le destin. J’ai fait des études, de Gestion, basiques mais j’ai toujours eu la passion de la musique. J’ai toujours travaillé avec de la musique autour de moi ou dans les oreilles… Même avant de bosser dedans !
Je travaillais au British Council de Rabat comme « Projects Assistant » quand j’ai géré mon premier projet de concerts (une mini-tournée et des ateliers pour un groupe Britannique). On m’a proposé ce projet justement parce que j’étais « connu » pour être un grand fan de musique contemporaine. Tout de suite après, la promotion est arrivée, les budgets ont augmenté et le nombre de projets culturels également.
C’est à travers l’un de ces projets que j’ai rencontré H-Kayne. J’étais fan d’abord, puis on est devenus amis et, enfin, la collaboration « professionnelle » s’est faite presque naturellement…
Le Mag: Parlez-nous de Votre expérience avec Ahmed Soultan, Hoba Hoba Spirit et H-kayne ?
Hicham: Les expériences sont diverses mais le point commun, c’est l’amitié qui nous lie. La capacité de dialoguer et d’exprimer ses idées est importante… Je peux dire des choses aux uns et aux autres sans détours. L’absence de hiérarchie et de bureaucratie y est aussi sûrement pour quelque chose…
J’ai la chance de travailler avec des artistes en qui je crois.
Le Mag: Concrètement depuis que vous êtes là, prenant en charge la fonction managériale de ces deux groupes et ce jeune artiste, qu’est-ce que vous avez fait pour eux ? Qu’est ce qui a changé chez eux et quelle est la valeur ajoutée que vous leur avez apporté ?
Hicham: Je pense que l’essentiel que j’ai pu faire jusqu’à maintenant est justement de croire en leurs talents respectifs.
En fait, je suis le dernier rempart et je pense quand même contribuer a ce qu’ils aient plus de temps pour se consacrer à la musique sans se soucier de la communication, de l’administratif, de la logistique ou autre « perte de temps ». J’ai aussi un bon carnet d’adresses qui ne cesse de se développer (Hamdoullah) et qui peut créer diverses opportunités… Je ne rentre pas dans les détails mais je contribue aussi à la création des albums, par exemple. Il y a aussi certains concerts que j’ai pu négocié dont je ne suis pas peu fier.
Ce qui a changé pour eux ? Ce n’est pas de mon fait mais… Ils sont meilleurs (plus professionnels à mesure que le temps passe)
Le Mag: en général un manager artistique, c’est quoi son rôle, surtout dans une scène inconditionnée, telle que la scène marocaine ?
Hicham: Spontanément, j’ai envie de dire un rôle de rempart ou tampon. La scène Marocaine est encore « balbutiante », a mon avis… Tous les acteurs continuent d’apprendre leurs rôles respectifs. Les artistes, les managers, les organisateurs, la sécurité sans oublier le public lui-même ! C’est pour ça que je parle de tampon… Je suis une sorte de médiateur.En fait, mon rôle, c’est de m’assurer que les artistes que je représente travaillent dans la tranquillité… et en évitant les surprises ou désagréments possibles; d’où l’importance du travail en amont : Il faut penser à tout (ou presque).
Le Mag: Est-ce qu’on a du vrai management artistique au Maroc, est-ce que cela existe ?
Hicham: Je dirai que non. D’abord, aucune formation n’est dispensée au Maroc (a ce que je sache)… Ensuite, il y a beaucoup d’aspects du Management artistique qui m’échappent encore, pour ne parler que de moi. Le contexte ne s’y prête pas encore…
Le Mag: D’après vous, le management artistique au Maroc est rentable, » jma3ti mourah chwiya dl flouss »?
Hicham: ça dépend pour qui ! C’est vraiment la passion qui domine, plus que l’aspect financier… Je le répète, c’est presque du saisonnier ! Mais je ne me plains pas parce que j’ai quand même d’autres sources de revenus.
Le Mag: S’orienter vers le management artistique, d’après vous, était une expérience risquée?
Hicham: Peut-être au tout début, oui. Vers 2004 en ce qui me concerne… Mais j’avais un boulot plein temps jusqu’en 2008 pour assurer mes fins de mois ! Les émoluments de l’époque étaient assez faibles, il faut le dire…
Le Mag: Que pouvez vous dire aux étudiants de management, futurs managers, qui préfèrent assurer leurs futurs dans une banque, ou une entreprise… au lieu de faire du management artistique ?
Hicham: Qu’ils ont peut-être raison… Si la passion n’y est pas, aucune raison qu’ils le fassent ! Il n’y a pas que de bons côtés, contrairement à la croyance populaire. Il faut être à 100% tout le temps… même à 3h du matin !
Le Mag: Un petit Message à passer à travers le magazine ?
Hicham: Merci a tous ceux qui soutiennent les artistes Marocains (tous, pas seulement ceux avec qui je travaille)… en espérant que ça continue.