Tunisie: le ministère de l’industrie en perte de confiance
Les investisseurs tunisiens n’hésitent plus à prendre la parole publiquement pour dénoncer le manque de soutien du ministère de l’Industrie dans les démarches qu’ils entreprennent pour réaliser leurs projets pourtant générateurs d’emploi.
Sur les plateaux des radios, qu’elles soient privées ou publiques, les accusations contre Mohamed Lamine Chakhari et son ministère se multiplient. Celui-ci se défend de tout favoritisme au bénéfice d’hommes d’affaires proches du pouvoir ou d’étrangers, mais se justifie par des arguments techniques. Selon le ministère de l’Industrie, c’est l’absence de justificatifs clés tels que les études de faisabilité technico-économiques des projets des investisseurs locaux qui expliquent leurs rejets. Ce à quoi les investisseurs opposent l’absence de garantie au niveau du ministère de la préservation de la confidentialité de ces documents. Deux cas sont symptomatiques de ce manque de confiance des investisseurs tunisiens à l’égard de leur ministère de l’Industrie. Le premier est celui de l’entreprise Barkia Auto, dirigée par Ahmed Barkia, un spécialiste de l’automobile basé à Paris. Celui-ci a présenté en mars dernier un projet de complexe automobile dans la zone de Dakhan, dans le gouvernorat de Sfax. L’approbation du dossier remis au ministère est soumis par celui-ci à la présentation des partenaires technologiques et financiers du promoteur. Les arguments du ministère qui déclare souhaiter s’assurer de la viabilité et de la transparence du projet n’ont pas convaincu le promoteur qui a refusé de donner suite à cette requête. Et c’est un projet de plus de 630 millions de dollars US qui pourrait créer 15 000 emplois qui est depuis bloqué. Le groupe d’investissement troïka Global se plaint également d’une pareille mésaventure.
Son projet de création de drones à usage militaire, sécuritaire et civil à Gafsa, d’un coût de plus de 25 millions de dollars US, est bloqué, malgré les toutes les garanties d’indépendance énergétique et de préservation de l’environnement qu’il offre, par le ministère de l’Industrie qui lui demande une étude technico-économique du projet.