Algérie: banques-entreprises, les crédits de la discorde

Algérie: banques-entreprises, les crédits de la discorde

Chefs d’entreprises et experts financiers se sont réunis à Alger pour discuter de la relation particulière qui existe entre l’entreprise algérienne et le système financier et bancaire national. L’ensemble des intervenants a convenu que cette relation souffrait d’un manque de confiance de part et d’autre, avec un impact négatif sur la relance de l’économie et le développement social souhaités par le gouvernement. Dans l’ensemble, les banques, en particulier nationales, arguent que beaucoup d’entreprises ne sont pas crédibles pour expliquer les rejets des demandes de financement, un argument qui convainc de moins en moins les entreprises.
De nombreuses raisons ont été avancées pour expliquer cette difficulté des banques à octroyer des crédits. Pour une partie des participants à la rencontre, il y a une fort différence entre les banques du secteur privé et celles nationales qui fait que les délais d’octroi de crédit vont de trois mois pour la première catégorie à deux à trois ans pour la seconde. Avec une présence de 70% dans les parts du marché financier selon les chiffres avancés par un chef d’entreprise, le secteur informel a également été pointé du doigt.
Dans ces rapports particuliers, le consultant financier Abderrahmane Ouahioune a tenu à souligner que le niveau de distribution des crédits était en forte progression depuis quelques années, une progression qui ne parvient toutefois pas à faire oublier les contraintes parfois très pesantes auxquelles sont soumis les demandeurs. Parmi ces contraintes, à titre d’exemple, l’on peut citer les garanties conséquentes qui peuvent atteindre jusqu’à trois fois le montant du crédit demandé, des garanties qu’Abderrahmane Ouahioune explique par les différences entre les rapports de la communauté bancaire et l’appareil judiciaire. La mauvaise utilisation des crédits a également été évoquée. Selon un participant, 95% d’entre eux serviraient à l’importation, ce qui ne fait qu’accroître le déséquilibre de la balance commerciale.