Tunisie : le patron de la chaîne Ettounsiya TV libéré, mais des dossiers en attente
La libération de Sami Fehri, le patron de la chaîne tunisienne Ettounsiya TV, est une victoire de la liberté d’expression. Mr Fehri a été libéré, mercredi de la prison de la Mornaguia où il était placé en détention préventive depuis Août 2012. Pour sa défense, sa détention était une forme de propagande visant à faire museler la voix critique du gouvernement. Il reste cependant poursuivi dans une affaire se rapportant aux préjudices financiers causés à la télévision publique tunisienne à l’époque du président déchu Ben Ali et dans une autre concernant des contrats de publicité avec la poste tunisienne.
« J’ai passé un an en prison sans jamais avoir été condamné. Je voudrais remercier tous ceux qui m’ont soutenu (…), mais ce dont j’ai besoin maintenant, c’est de repos », a-t-il expliqué Mr Fehri est accusé avec cinq anciens PDG de la télévision nationale et Abdelwaheb Abdallah, puissant conseiller de Zine El-Abidine Ben Ali dans le même dossier de malversations sur la télévision publique. L’autre affaire dans laquelle M. Fehri est cité concerne des contrats publicitaires suspects pour la poste tunisienne. Son arrestation avait fait scandale car elle avait eu lieu quelques jours après qu’il eut annoncé la suspension d’une émission de satire politique sur pressions du gouvernement. Allégations rejetés par les autorités. Sur le plan judiciaire, la Cour de cassation avait ordonné à deux reprises la libération de M. Fehri mais le parquet avait refusé sa libération. En effet, il estimait que la juridiction suprême n’était pas compétente pour se prononcer sur la validité de placements en détention préventive.
De surcroit, Ettounsiya TV n’a pas de fréquence depuis le début de juillet du fait qu’un homme d’affaires a racheté toutes les fréquences de la station. La chaine se contente de produire quelques émissions diffusées par un autre canal très critique du pouvoir, mais prévoit reprendre ses activités mi-septembre. Les islamistes d’Ennahda sont régulièrement accusés d’entraver l’exercice du droit d’expression acquis avec la révolution de janvier 2011.