Maroc : le Roi annonce une nouvelle approche de l’immigration clandestine
L’immigration clandestine au Maroc est au cœur de l’actualité ces derniers jours. Cela prend plus d’ampleur car la question s’inscrit dans une dimension régionale. C’est pour cette raison que le Maroc s’est engagé mercredi à réformer sa politique migratoire après que le Roi a reconnu qu’il existe des « préoccupations légitimes » en la matière. S’appuyant sur un rapport du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), le gouvernement compte rectifier le tir dans son approche sur la migration.
Conformément à certaines recommandations du CNDH, le texte annonce l’instauration imminente d’un « cadre procédural » visant à des régularisations, « au cas par cas et selon des critères précis ». Sur la question sensible des refoulements de migrants illégaux, les trois ministères concernés (Intérieur, Justice et Affaires étrangères) réfutent les accusations de violences systématiques et réaffirment que « des instructions » ont été données pour « veiller à la protection » des « droits » et de la « dignité » des clandestins. De récents rapports d’ONG et des faits divers, dont le meurtre d’un Sénégalais le mois dernier à Rabat, ont entraîné une polémique sur une recrudescence des violences à l’encontre des migrants d’Afrique noire. A ce jour, quelque 20.000 clandestins se trouveraient ainsi sur son sol qui se transforme petit à petit en terre d’accueil. Le CNDH a aussi déploré « de nombreuses violations des droits » des clandestins, lors de campagnes de refoulement vers les frontières algérienne et mauritanienne. Commentant le rapport du CNDH, le roi du Maroc a annoncé l’approche qui consistera à gérer de manière « humaniste » la question migratoire. Le lendemain, lors d’une réunion à Casablanca en présence du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, le souverain a exigé « de procéder, sans délais, à l’élaboration et la mise en place d’une stratégie et d’un plan d’action appropriés », d’après un communiqué du Palais royal.
Les enjeux sont cruciaux pour le Royaume qui doit soigner son image vis-à-vis de ses partenaires surtout subsahariens. Les rapports migratoires affectent aussi ses relations avec l’UE, auprès de qui il dispose d’un statut avancé. Cette semaine, au même titre que les Nations unies, l’ambassadeur de l’UE à Rabat, Rupert Joy, a indiqué être « très satisfait » du contenu du rapport du CNDH, qui doit déboucher à « une politique migratoire plus juste et plus efficace ».