Le Maroc et la France à deux doigts d’un incident diplomatique
Des policiers français ont effectué la semaine dernière une descente à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France, suite à des plaintes déposées à Paris pour des faits présumés de torture. Rabat a réagi en convoquant l’ambassadeur de France au Maroc, ce qui a poussé le ministère français des Affaires étrangères à ouvrir une enquête pour calmer la tension.
Sans passer par les canaux diplomatiques, sept policiers français se sont rendus jeudi à la résidence de l’ambassadeur de France à Paris pour notifier à Abdellatif Hammouchi, le patron du contre-espionnage marocain, une convocation émanant d’un juge d’instruction relative à des faits présumés de torture, alors que le ministre marocain de l’Intérieur y était en réunion avec plusieurs journalistes.
Tout a commencé le même jour lorsque l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) a saisi l’opportunité de la présence en France d’Abdellatif Hammouchi, qui accompagnait le ministre marocain de l’Intérieur Mohamed Hassad pour une rencontre avec ses homologues français, espagnol et portugais, pour demander à la justice française d’auditionner ce responsable qu’elle accuse de « complicité de torture ».
Les faits se seraient produits au sein du centre de détention de Témara qui dépendrait de la DGST (Direction Générale marocaine de la Surveillance du Territoire). Rejetant catégoriquement ces accusations, Rabat a convoqué vendredi soir l’ambassadeur de France au Maroc « pour lui signifier la protestation vigoureuse du royaume » autant sur la procédure adoptée que les cas judiciaires évoqués. Face aux risques de détérioration des relations entre les deux pays, le ministère français des Affaires étrangères a annoncé samedi soir l’ouverture immédiate, à la demande des autorités marocaines, d’une enquête sur l’incident.
Parmi les plaintes auxquelles s’est associée l’ACAT figure celle d’Adil Lamtalsi, un Franco-Marocain de 33 ans qui aurait été arrêté en octobre 2008, torturé et forcé à avouer la détention et le trafic de cannabis.