L’Afrique risque de nouveau le surendettement
Le continent africain dans ses prévisions de croissance n’avait pas prévu l’effondrement brutal des cours des matières premières, une chute qui contraint l’économie la plus dynamique au monde, de recourir massivement aux émissions obligataires, faisant resurgir le spectre de la dette.
L’Afrique qui après des années d’ajustement structurel, pensait être sortie du tunnel du surendettement se voit replonger. « Il s’agit clairement d’une source de préoccupation. Les gens ne l’ont pas vu venir », a expliqué Julien Marcilly, chef économiste de l’assureur-crédit Coface.
La situation inquiète les économistes et observateurs, notamment le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina. « Nous devons faire en sorte de ne pas retomber dans le piège de la dette », a-t-il lancé la semaine dernière à Abidjan lors du forum CEO Africa.
Les pays africains ont bénéficié « de conditions de financement inhabituellement favorables », a récemment rappelé Standard and Poor’s. « Du coup, ils ont recommencé à s’endetter. Mais cette fois largement auprès des marchés. Les créanciers ne sont donc pas forcément des pays qui peuvent effacer une ardoise d’un trait de plume. Il s’agit de créanciers privés qui peuvent avoir la dent dure », a analysé l’agence.
« L’endettement va s’aggraver dans les pays ayant un faible niveau de discipline budgétaire et ceux qui empruntent excessivement », prévient également le secrétaire exécutif de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, Carlos Lopes, qui appelle chaque État « à renforcer ses capacités de gestion de la dette » et à « rendre compte de l’emploi des fonds empruntés ».
En comparaison, les pays africains restent moins endettés que bon nombre de pays riches. « La dette publique totale de l’Afrique atteignait 38% du PIB continental en 2014 contre près de 111% pour les pays de l’OCDE », a rappelé Carlos Lopes.
Sept pays se trouvent aujourd’hui en risque de « surendettement élevé » à fin 2015. Il s’agit du Burundi, du Cameroun, du Ghana, de la Mauritanie, de la république Centrafricaine, de São Tome et Principe, et du Tchad.