Le président du Nigeria veut freiner les importations de produits agricoles
Le président nigérian Muhammadu Buhari a demandé à la Banque centrale de ne plus accorder de devises étrangères aux importateurs de produits agricoles.
«La réserve de change sera conservée et utilisée strictement pour la diversification de l’économie, et non pour encourager plus de dépendance à travers les factures d’importation de produits alimentaires» souligne la présidence nigériane dans un communiqué.
La décision du président nigérian s’inscrit dans le cadre de sa politique économique protectionniste. Au début de son premier mandat, il avait interdit l’importation du riz qui avait permis de relancer ainsi la filière locale de production de cette céréale.
Par cette nouvelle mesure, Muhammadu Buhari entend faire de même pour l’ensemble de la production agricole au Nigeria, et satisfaire réaliser une de ses promesses de campagne : un Nigeria autosuffisant et souverain en matière alimentaire.
Des voix s’opposent à cette décision anti-importation, notamment celles de l’ancien gouverneur adjoint de la Banque centrale, Kingsley Moghalu, et l’ex-ministre de l’Éducation, Oby Ezekwesili, deux ex-candidats aux dernières présidentielles. Ces derniers regrettent que par cette nouvelle instruction «Muhammadu Buhari bafoue l’indépendance de la Banque centrale».
De son côté, l’économiste Bismarck Rewane craint qu’une telle politique n’encourage les importateurs à utiliser des circuits parallèles pour se procurer des devises étrangères, ce qui conduirait à une augmentation des prix des denrées alimentaires.
Au cours de son premier mandat, Buhari a également imposé des contrôles sur l’importation de riz, un aliment de base du pays afin d’encourager la production locale.
Mais cette mesure a entraîné l’entrée de tonnes de riz de contrebande à travers les frontières poreuses du pays, principalement en provenance du Bénin voisin.
Il y a deux semaines, le gouverneur de la Banque centrale, Godwin Emefiele, a déclaré que la banque allait interdire l’accès aux devises étrangères pour les importateurs de lait.
D’après les données du Bureau national des statistiques, au premier trimestre de 2018, le Nigeria avait dépensé 503 millions de dollars en importations de produits agricoles, soit une hausse de 25,84% par rapport au premier trimestre de cette année.