Bahreïn : une phase cruciale s’annonce
Après un mois de mars tendu, les choses semblent se diriger vers une période de négociations intenses au Bahreïn, avec l’appui du royaume du Koweït, qui a offert son aide en tant que médiateur avec l’opposition chiite. Le Roi du Bahreïn Hamad Al Khalifa, ainsi que son fils le cheikh Salmane -nommé négociateur en chef- ont retrouvé semble-t-il un peu de sérénité après avoir donné de nombreux gages de leur volonté d’ouverture.
En effet, depuis le début des négociations, c’est le prince héritier, un quadra qui semble monter en puissance dans l’échiquier complexe du pouvoir de Bahreïn, qui est à la manœuvre. Preuve de sa nouvelle position dans l’exécutif, c’est avec lui, et non avec son oncle Khalifa ben Salman al-Khalifa (premier ministre depuis 40 ans et honni par la population), que le Vice-Président américain Joe Biden s’est entretenu au téléphone de la situation le 27 mars dans la soirée. Les américains, qui soutiennent fortement la monarchie Bahreïnie, souhaitent que le dialogue soit privilégié comme mécanisme de résolution de conflit, estimant qu’il serait extrêmement dangereux que ce pays à plus de 60% chiite ne tombe dans l’orbite iranienne. Les saoudiens, eux aussi, ont montré qu’ils n’accepteraient pas que l’Iran se positionne au Bahreïn et ont envoyé, dans un geste inédit dans la péninsule arabique, plus de 1000 soldats en renforts au milieu du mois de mars.
Cependant, c’est au discret mais efficace roi du Koweït, Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah qu’échoit désormais la tâche de trouver des éléments de négociation qui pourraient rapprocher les différentes parties. Il faut dire que l’émir Sabah IV n’en est pas à son coup d’essai. Respecté dans la région, il vient d’achever avec succès une discrète médiation entre Oman et les émirats arabes Unis, autour d‘une sombre histoire d’espionnage. Pour les bahreïnis, Sabah IV devrait surtout mettre l’accent sur le fait que la croissance économique n’a pas été touchée de manière irrémédiable (près de 4.5% cette année malgré la crise) et qu’il serait donc « sage » de s’asseoir à la table de négociations, surtout que la famille régnante du Bahreïn a réitéré sa volonté d’ouvrir un dialogue constructif avec l’opposition et de trouver des solutions qui garantissent l’unité du pays.
Bahreïn , considérée comme le « Hong-Kong » de la région jusqu’à il y a peu, a exploité quasiment toutes ses réserves en gaz, et est devenu un centre économique et financier de tout premier ordre, axant son développement économique sur les services et accueillant plus de 400 établissements financiers sur son territoire.