Madagascar : Grincement de dents chez les producteurs de la vanille
Alors que la campagne d’exportation de la vanille verte s’achève le 30 juin courant, des contestations se font entendre parmi les cultivateurs sur le non-respect du prix minimum de vente à l’exportation de l’épice.
Le gouvernement a fixé à 250 dollars le kilo comme les deux dernières années. La décision vise à limiter la volatilité des prix du produit et pérenniser la filière. Or certains exportateurs cassent les prix au détriment notamment des cultivateurs locaux.
«Des offres de vanille d’origine Madagascar se sont faites à l’extérieur du pays à des prix allant de 150 à 180 dollars le kilo», indique Georges Geeraerts, président du Groupement des exportateurs de vanille de Madagascar. Il dénonce aussi «la complicité des importateurs dans des montages illégaux ou fausses déclarations effectués par certains exportateurs peu scrupuleux».
Selon des professionnels malgaches, «si le non-respect du prix plancher de la vanille à l’exportation représente une perte de recettes pour l’Etat malgache, ce sont aussi les cultivateurs, qui ne sont plus payés à un tarif décent».
«Quand on casse les prix à l’exportation, on casse aussi le prix de la matière première, c’est-à-dire la vanille verte que l’on achète aux planteurs», indique Georges Geeraerts.
«Les intermédiaires nous achètent le kilo à 40.000 ou 50.000 ariary (Ndrl, monnaie malgache). Nous souhaitons discuter directement avec les importateurs. Nous accusons de grandes pertes par rapport à nos investissements pour notre vanille. Si cela continue, les planteurs vont arrêter de la cultiver car ce n’est plus rentable pour nous», menace de son côté un président d’association de planteurs.
«Le gouvernement malgache continue de faire respecter le prix minimum à l’exportation de la vanille actuellement fixé à 250 USD/kg. Mais comme ce fut le cas l’année dernière, le prix réel du marché de la vanille a été bien inférieur à ce niveau et les exportateurs trouvent des méthodes de plus en plus ingénieuses pour compenser la différence entre le prix de vente réel et le prix à l’exportation obligatoire sans contrevenir à la politique du prix minimum», lit-on dans le rapport de mai 2022 d’Aust & Hachmann, l’un des plus gros acheteurs de vanille d’Amérique du Nord.
«Le gouvernement malgache et le groupement des exportateurs de vanille de Madagascar condamnent vivement ces pratiques et des contrôles seront mis en place afin d’arrêter cette attitude qui met en péril le développement de la filière vanille fleuron de l’agriculture malgache», souligne l’étude.