Tunisie: L’extradition Baghdadi sème la zizanie
Le torchon brûle entre le gouvernement et la présidence tunisiens après l’extradition dimanche de l’ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi. L’extradition décidée par le gouvernement malgré l’opposition de la présidence fait craindre le pire pour la majorité dirigeante dans le pays.
La présidence, par son porte-parole Adnène Mancer, avait immédiatement déclaré illégale l’extradition de l’ancien Premier ministre libyen. D’autant plus que la décision de cette extradition aurait dû survenir après l’organisation des élections libyennes et la publication du rapport final de la commission tunisienne qui s’est rendue en Libye en fin mai dernier. Elle avait pour mission de s’assurer des conditions de détention et des garanties des conditions d’un procès équitable de l’ancien Premier ministre libyen. La présidence tient d’ores et déjà le gouvernement pour responsable de tout ce qui pourrait survenir. Hier, c’était au tour du gouvernement de répondre. Son porte-parole et ministre des Droits de l’Homme et de la justice transitionnelle Samir Dilou a présenté l’extradition comme la conclusion logique des procédure judiciaire, légale et constitutionnelle. Il a dénié au Chef de l’Etat le droit d’accepter ou de refuser l’extradition.
Cette affaire pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur la stabilité des institutions du pays. La majorité dans l’ANC (Assemblée Nationale Constituante) est détenue par l’Alliance menée par le mouvement islamiste « Ennahdha », à la tête du gouvernement et vainqueur des élections d’octobre dernier, soutenu par le CPR (Congrès Pour la République) de l’actuel président Mncef Marzouki et l’Ettakatol démocratique pour le travail et les libertés de l’actuel président de l’ANC Mustapha Ben Jaâfar.