Tunisie : les banques publiques au bord du gouffre
Malgré les nombreuses analyses et les différences observations des experts sur la situation critique des banques tunisiennes, la réaction du gouvernement tarde à se concrétiser.
Et cette lenteur laisse planer l’ombre d’une catastrophe sur l’ensemble de l’économie étant donné que les banques pèsent plus de 40% de la capitalisation boursière de la Place de Tunis. Les résultats de trois des plus grandes banques du pays pour l’année 2011 donnent le ton. La BNA (Banque Nationale Agricole) et la BH (Banque de l’Habitat) ont vu leurs résultats baisser respectivement de 17.8% et de 37.6%. La STB (Société Tunisienne de Banque) n’a dû son salut qu’à une dotation de 75 millions de dollars US votée à la dernière minute par l’Assemblée Nationale Constituante. L’une des raisons de ces résultats calamiteux est le nombre de créances incertaines cumulées par ces banques.
L’année dernière, la BNA enregistrait plus de 637 millions de dollars US de prêts compromis à 71% et la BH, dans le même temps, plus de 428 millions de dollars US. Les derniers chiffres de la STB sur ce point remontent à 2010 et sont de 1.2 milliard de dollars US dont seulement 50% étaient approvisionnées. Et malgré cet état alarmant, les pouvoirs publics ne semblent pas pressés de réagir. Le danger de la situation semblait pourtant avoir été saisi déjà du temps du président Ben Ali qui avait intégré les plans de restructuration des banques dans son programme électoral en 2009. Mais aujourd’hui encore, le pays est toujours à la recherche d’une stratégie de réforme cohérente du système financier.
Plusieurs économistes préconisent une consolidation des trois banques publiques en un seul établissement à vocation universelle. Avec un marché d’à peine 10 millions d’habitants, la Tunisie compte 21 banques qui présentent un bilan cumulé du même niveau que celui de la première banque marocaine, Attijariwafa Bank.