Le lobbying du tabac en Europe
La démission du maltais John Dalli de ses fonctions de commissaire européen en charge du portefeuille de la santé n’a pas fini d’alimenter les débats.
Les avis demeurent partagés entre ceux, le principal concerné en tête, qui pensent qu’il a été victime d’un complot ourdi par les puissants lobbys du tabac pour le discréditer et ceux qui le soupçonnent d’avoir voulu monnayer son influence auprès de ceux-ci en rapport à un projet de législation qui lui avait été confié. Le feuilleton débute en mai dernier lorsque la Swedish Match, une entreprise du tabac suédois saisit l’OLAF (Office Européen de Lutte Antifraude) pour ouvrir une enquête sur le commissaire européen maltais. Celui-ci s’étai vu confier un projet de révision de la législation européenne sur le tabac. Le nœud du scandale qui en a découlé provient de mystérieuses rencontres qui ont eu lieu entre John Dalli et des lobbystes du tabac par l’entremise d’un proche du commissaire européen, le maltais Silvio Zammit, maire d’une petite ville locale.
Et c’est là que les versions diffèrent. Swedish Match affirme que Silvio Zamit aurait demandé plusieurs millions de dollars pour l’organisation de ces rendez-vous, et plus encore pour user de son influence sur son ami dans la législation en cours de révision. Il aurait proposé entre autres une autorisation dans la nouvelle loi du « Snus », une poudre de tabac qui se suce et qui n’est pour le moment autorisée uniquement qu’en Suède. John Dalli affirme au contraire que c’est la compagnie de tabac suédoise qui aurait tenté d’acheter son ami. Le 16 octobre dernier, cinq mois après l’ouverture d’une enquête par l’OLAF, John Dalli s’est retrouvé contraint de démissionner, les rendez-vous qui ont eu lieu faisant planer un doute sur la probité de la Commission.
Cette affaire donne de l’eau au moulin aux détracteurs de la Commission européenne qui ont à de nombreuses reprises dénoncé des rapports troubles entre des responsables européens et certains lobbys.