Espagne: les crédits bancaires douteux
C’est un record dont le pays se serait volontiers passé. La Banque d’Espagne a publié hier lundi des chiffres selon lesquels des incertitudes de remboursements sont constatés sur plus d’un crédit sur dix, plus précisément 10.7%, accordés par les banques espagnoles pour le mois de septembre.
Un tel niveau n’avait plus été atteint dans le pays depuis 1962. Il s’agit principalement de crédits immobiliers. Les investisseurs et les partenaires européens de l’Espagne ne peuvent que constater que la détérioration continue du secteur financier espagnol. Les créances douteuses sont passées de 8.72 et 8.96% en avril et en mai derniers à 9.65 et 10.09% du total des crédits en juin et juillet derniers. Le fait que la plupart de ces crédits douteux soient des crédits immobiliers n’est pas une surprise. Le secteur de la construction, longtemps locomotive de la croissance espagnole, est depuis le début de la crise internationale en 2008 la principale cause de la chute de l’économie nationale et de la déstabilisation du secteur financier. Les banques espagnoles en difficulté auraient des besoins financiers de 75.7 milliards de dollars US. L’incapacité des particuliers à rembourser leurs prêts immobiliers a entraîné le nombre vertigineux de 350 000 ordres d’expulsions émis depuis 2008 pour saisir des appartements. La situation sociale est devenue intenable pour l’Etat espagnol, avec notamment de plus en plus de suicides de propriétaires surendettés sur le point d’être expulsés, au point de pousser le gouvernement à annoncer jeudi dernier un gel de deux ans des expulsions pour les plus vulnérables d’entre eux.
Déjà bénéficiaire d’un plan d’aide de la zone euro de 127.7 milliards de dollars US accordé en juin pour son secteur immobilier, l’Espagne aurait également besoin d’une aide d’environ 51 milliards de dollars US pour son secteur bancaire en difficulté.