Tunisie : Démission du Premier ministre dans un climat tendu
Dans la douleur, le processus de transition se poursuit en Tunisie. Le Premier ministre Ali Larayedh a annoncé jeudi, en conférence de presse, avoir remis sa démission au président Marzouki. Un délai de deux semaines lui a été accordé pour l’expédition des affaires courantes.
Cette démission avait été convenue dans l’accord conclu entre la coalition au pouvoir et les partis d’opposition pour sortir le pays de la crise politique qu’il traverse depuis plusieurs mois. Ali Larayedh avait accepté de démissionner après la mise en place de l’ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections), l’instance électorale, instaurée par l’Assemblée.
L’actuel ministre de l’Industrie Mehdi Jomaâ a été désigné par les partis pour succéder à Ali Larayedh.Toutefois, la passation de pouvoir, selon Ennahda, ne devrait pas avoir lieu avant le vote final de la Constitution, prévu autour du 14 janvier, jour du troisième anniversaire de la Révolution du Jasmin.
Mais malgré le respect de son engagement, la presse tunisienne s’est déchaînée contre le futur ancien Premier ministre accusé d’avoir attisé les tensions dans le pays et de l’avoir mené au bord de l’explosion. La création de nouvelles taxes sur les moyens de transports privés et professionnels a provoqué de vifs mécontentements, notamment dans les régions de Kasserine et Sidi-Bouzid, foyers de la Révolution du Jasmin et largement touchées par la pauvreté.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, plusieurs bâtiments publics ont été incendiés dans le centre-ouest déshérité de la Tunisie. A Feriana, la recette des impôts, un poste de police, une banque et un bâtiment municipal ont été brûlés. A Meknassy, un commissariat et deux voitures de police ont également été brûlés. A chaque fois, les forces de l’ordre ont répliqué par des gaz lacrymogènes avant de céder.