La taxe carbone proposée par l’UE, une solution qui cache un problème (Center for the New South)
La taxe carbone proposée par l’Union Européenne (UE) est perçue par Policy Center for the New South, un think tank marocain, comme une solution qui cache un problème. Dans une analyse, signée par son senior fellow Uri Dadush, ce Centre révèle qu’au-delà de ses impacts positifs sur le climat, la taxe carbone risque aussi de faire du mal au commerce mondial. Policy Center for the New South estime que ce mécanisme repose sur l’hypothèse erronée d’une fuite de carbone et sa mise en œuvre pose de nombreuses difficultés pratiques.
«La taxe s’écarte, en effet, du principe des responsabilités différenciées de l’accord de Paris, et sera contestée par les pays en développement. Aussi, l’OMC, déjà fragile, risque de subir un nouveau coup dur avec cette proposition de taxe», avance M. Dadush.
De son analyse sur le futur Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM) de l’UE, il en ressort que cette taxe est bien intentionnée, car elle n’est pas motivée par le protectionnisme. Seul bémol, elle risque de faire plus de mal que de bien, affirme le chercheur non-résident à Bruegel. «Elle le fera en raison de son hypothèse douteuse de fuite de carbone, de sa complexité et de sa nature partiale, de sa violation de l’esprit de l’Accord de Paris, de sa menace pour la pérennité de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’incitation minimale qu’elle offre aux pays hors de l’UE pour accélérer la décarbonisation», écrit l’expert.
Uri Dadush recommande donc à l’UE de plutôt revenir à l’esprit de l’Accord de Paris, en laissant aux pays pauvres la marge de manœuvre nécessaire pour réduire leurs émissions en fonction de leurs circonstances nationales.