L’on parle très peu d’eux, préférant se focaliser sur ceux qui sont épinglés par la cour des comptes pour mauvaise gestion, voire malversations. C’est bien connu, le public ne s’intéresse qu’aux trains qui ne sont pas à l’heure. Pourtant, plusieurs établissements publics marocains ont réussi à se faire bien voir du gendarme de la gouvernance qu’est la cour des comptes.
Au rang des bons élèves, l’on note ainsi la présence de la Marocaine des Jeux et des Sports (MDJS), qui se serait conformée « à 90% » aux procédures et recommandations de la cour des comptes selon le rapport relatif à l’année 2010 de cette dernière. La loterie sportive avait bien besoin de cela après avoir traversé une zone de turbulences sous l’ancienne direction qui a précédé l’arrivée du jeune quadra Younès El Mechrafi, en 2009. Ce dernier, spécialiste de l’organisation et des systèmes d’information, qui est passé à la fois par le secteur privé- il a dirigé une importante SSII filiale du groupe ONA – mais également par la haute administration publique – il a été conseiller du ministre de la justice en charge des projets de modernisation financés par l’Union européenne et la Banque Mondiale- a permis à la MDJS de se hisser au panthéon des entreprises publiques les plus transparentes et intègres du Royaume. Le secret de cette métamorphose réside dans la mise en place d’une gouvernance saine basée sur l’élaboration d’un plan stratégique, une nouvelle organisation supportant la stratégie de l’entreprise ainsi que sur la création d’ instances d’audit, de contrôle de gestion et de pilotage de la performance.
Autre administration exemplaire : l’ONHYM, dirigée par Amina Bekhadra, qui a longtemps cumulé son poste avec celui de …ministre de l’énergie et des mines. L’ONHYM s’est ainsi conformée selon le rapport 2009 à 81% aux recommandations antérieures de la cour, il faut donc croire que Benkhadra a gardé un œil très avisé sur son office alors qu’elle dirigeait le ministère de tutelle. Moins connue du grand public, l’Agence pour la Dédensification et la Réhabilitation de la médina de Fès (ADER) réussit un très joli 83% de conformité aux recommandations de la cour des comptes. Alors que le gouvernement Benkirane a affiché sa volonté de faire de la bonne gouvernance la priorité absolue de l’exécutif, il est curieux que ce dernier ne mette pas plus en avant les réalisations des établissements publics exemplaires, qui devraient pourtant être une source d’inspiration pour tous les autres. En effet, ces améliorations substantielles de la conformité de certains établissements ne doit pas faire oublier que « plus de 62% des organismes contrôlés ont réalisé moins de 50% des recommandations » comme le note dans un commentaire sybillin la cour des comptes dans son dernier rapport. Autre conséquence de la campagne rampante d’assainissement qui bât son plein en ce moment au Maroc : beaucoup de responsables d’établissements publics pratiquent une sorte de « grêve » de la signature, de peur que certains marchés ne soient épinglés par le gendarme de la gouvernance. Une situation qui aggrave fortement le ralentissement de l’activité économique, notamment pour les PME/PMI dépendantes de la commande publique.
Reste donc à l’exécutif à imaginer une forme d’amélioration de la gouvernance qui ne pénalise pas l’ensemble de l’économie marocaine. Pourquoi ne pas demander aux dirigeants des établissements publics champions de gouvernance de constituer un « comité d’exemplarité » afin de partager avec leurs collègues leurs recettes ?