Tunisie: l’exploitation du gaz de schiste en discussion
Les députés tunisiens de l’Assemblée Nationale Constituante se sont réunis mercredi dernier en conférence pour dénoncer l’initiative de l’exécutif d’autoriser la compagnie pétrolière internationale Shell à explorer le gaz de schiste dans le pays.
L’indignation des élus tunisiens se situe à deux niveaux. Tout d’abord sur le fait que le gouvernement ait pris cette décision, sans requérir leur participation, alors que le gaz de schiste est préjudiciable à l’environnement et à la santé humaine selon de nombreuses expériences dans des pays étrangers. Le second grief des députés contre le gouvernement, des soupçons de corruption pour ne pas le nommer, découle directement du premier.
Étant donné que le gaz de schiste nuit à l’environnement et à la santé humaine, même si les experts ne sont toujours pas unanimes sur les effets exacts, la décision du gouvernement suscite des questions sur ses véritables motivations. Sofiene Rekik, le président de l’ATTEM (Association Tunisienne de Transparence dans l’Energie et les Mines) a réclamé plus de transparence de la part du gouvernement dans le secteur de l’énergie et des mines pour éviter de retomber dans les travers du régime Ben Ali sous lequel les affaires de corruption étaient monnaie courante dans le secteur. L’exploration du gaz de schiste, comme celle de tous les hydrocarbures non conventionnels, est sujette à un principe de précaution dans plusieurs pays. Or, en Tunisie, aucun cadre juridique ne la régit. Ce qui augmente les inquiétudes des députés sur la portée que ces opérations d’explorations pourraient avoir.
Comme piste de solution, le député Chokri Aïch, qui est également docteur en sciences de la terre, propose la création d’une commission de cinq experts qui réunirait un représentant de l’ETAP (Entreprise Tunisienne des Activités Pétrolières), un représentant de l’ANME (Agence Nationale de Maîtrise de l’Énergie), un expert en géologie, un expert en environnement et un membre de l’ANC.