La médecine du travail au Maroc
L’obligation d’organiser des services médicaux du travail au Maroc remonte à 1957, et les modalités d’application ont été fixées par le décret du 8 fév. 1958. Mais ceci a demeuré quasi inappliqué pendant des années. Et ce n’est qu’en 1985 que cette médecine liée au travail est devenue une spécialité à part entière.
« La médecine du travail est une médecine préventive, ce n’est ni une médecine de soin, ni une médecine de contrôle » déclare le Dr. Smail el Mrini -Médecin inspecteur du travail- . D’après l’article 318 du code du travail, le médecin du travail a un rôle préventif qui consiste à procéder sur les salariés aux examens médicaux nécessaires, notamment à l’examen médical d’aptitude lors de l’embauchage et à éviter toute altération de la sante des salariés du fait de leur travail, en surveillant les conditions d’hygiène dans les lieux de travail, les risques de contamination et l’état de sante des salariés. Le rôle du médecin du travail est contrôlé par un médecin inspecteur du travail, qui a comme missions de veiller à l’application de la législation relative à l’hygiène du travail, d’assurer le contrôle permanent de l’organisation et du fonctionnement des services médicaux du travail, d’apporter un appui technique aux acteurs de la prévention des risques professionnels et de réaliser des expertises dans le domaine de la prévention des risques professionnels.
Actuellement, le Maroc compte 1200 services médicaux du travail agrées par l’inspection médicale du travail, pour 4600 entreprises assujetties (soit un établissement assujetti sur 4). La loi prévoit l’organisation d’un service médical du travail pour tout établissement comportant plus de 50 salariés ou quel que soit l’effectif s’il y a risque de maladie professionnelle. Les salariés protégés par ces services médicaux ne sont que 350 000 et ne représentent que 7% de la population urbaine active occupée qui est de 5 millions. La population rurale active occupée qui compte 5 039 215 personnes est sans aucune protection médicale. L’ensemble total des médecins exerçant la médecine du travail ne dépasse pas 700 médecins, dont seulement une trentaine à temps plein, alors que nos besoins théoriques sont d’environ 2500 médecins. Concernant les accidents du travail déclarés aux assureurs durant ces dix dernières années, ils sont en moyenne de 60 000 par an (soit 200 accidents du travail par jour), dont 14 000 sont graves. Quant aux maladies professionnelles, la législation définit une liste de 35 tableaux de maladies professionnelles indemnisables. Durant ces dix dernières années, la moyenne annuelle des maladies professionnelles déclarée ne dépasse pas 300 maladies dont 95% sont des pneumoconioses.
Les conditions d’exercice du médecin du travail marocain apparaissent difficiles à bien des égards. Sa fonction l’oblige à confronter des carences au plan légal, analphabétisme, pauvreté, et même méfiance à l’égard de la médecine du travail. Ce que nous proposons est donc une information des travailleurs sur les risques professionnels et l’organisation des réunions et des formations au secourisme pour les différents collaborateurs, et ceci afin d’espérer une nette diminution des maladies professionnelles et des accidents du travail.
Afiri Zakaria