Egypte : Interdiction des activités des Frères musulmans
Le jugement rendu lundi par un tribunal du Caire, réuni en urgence, montre bien la volonté du pouvoir intérimaire d’éradiquer l’influence de la confrérie sur la scène politique après l’éviction par l’armée du président issu de ce mouvement. En effet, la justice égyptienne a interdit les activités des Frères musulmans et ordonné la confiscation de leurs biens. C’est un nouveau tournant dans le bras de fer qui oppose le pouvoir en place aux Frères musulmans.
Tout juste après l’annonce du jugement, les Frères musulmans l’ont qualifié de “politique et entaché de corruption”. Parallèlement, ils promettent de “rester présents sur le terrain”. L’interdiction des activités s’applique à la confrérie, qui n’a aucune existence juridique, ainsi qu’à l’Association des Frères musulmans, une ONG née sous la présidence de Morsi et accusée d’occulter les activités des Frères.
Le parti de la Liberté et de la Justice, bras politique des Frères musulmans, pourrait être interdit après avoir légitimement remporté les premières législatives libres fin 2011, quelques mois après la chute de Hosni Moubarak.
Alors que les nouvelles autorités sous-entendent mener une “bataille contre le terrorisme”, le texte du jugement accuse la confrérie de “s’être drapée dans l’islam pur pour ses activités qui contredisent le véritable islam et violent la loi». Ceci démontre bien que le pouvoir actuel ne réserve aucune place aux Frères musulmans.
Après ce jugement prononcé, il reste à savoir si les Frères musulmans pourront faire appel.
Pour Michael Hanna, spécialiste de l’Egypte au sein du « think tank New Century », cette décision judiciaire s’inscrit dans une “approche brutale qui ne prévoit aucun espace pour la confrérie dans la vie politique et sociale”, alors même qu’à l’étranger, les plaidoyers pour une réconciliation nationale se multiplient.
Ce jugement intervient une semaine après que la justice a ordonné le gel des avoirs des principaux dirigeants de l’organisation, dont la plupart sont emprisonnés et actuellement jugés pour “incitation au meurtre” ou “meurtre” de manifestants anti-Morsi.